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L'élégancedeslivres
13 avril 2021

Les enchaînés Franck Chanloup Éditions Au vent des îles

Les enchaînés

Franck Chanloup

Éditions Au vent des îles

ISBN : 978-2-36734-249-8

16 €

 

Les enchaînés

Merci Les Éditions Au vent des îles, Agence Relief, Claire Darfeuil pour l'envoi de ce magistral roman témoignage.

Les enchaînés

L'auteur :

Franck Chanloup est né au Maroc en 1970,. Après quelques années passées en France, il décide d'émigrer en Nouvelle-Calédonie pour raisons professionnelles et se découvre un grand intérêt pour le voyage et l'histoire, trop méconnue, de ce territoire. Passionné de littérature depuis toujours, captivé par des auteurs tels que John Fante, Jonathan Safran Foer ou Pat Conroy, Franck Chanloup est blogueur littéraire, et signe ici son premier roman.

Les enchaînés

 

Mon avis :

« Et ceux qui dansaient furent considérés comme fous par ceux qui ne pouvaient pas jouer de la musique. F. Nietzsche & Franck Chanloup. »

Poignant, lucide, « Les enchaînés » est une page certifiée de notre Histoire, percutante et nécessaire.

« Écarquille tes esgourdes, Victor. Au moindre mouvement tu siffles, compris. »

D’emblée le ton est donné. Le livre sera sombre malgré quelques rais de lumière. Qu’importe ! Ne pas se voiler le visage. Inutile d’ignorer ce qui fut et restera dans la nuit des temps. Lire et retenir, suivre cet enfant Victor, des yeux, du cœur, de toutes les latitudes. Son père veuf élève seul ses trois fils. Victor est le cadet.

« André Chenaval, c’est mon patron, quand le vieux veut bien me laisser tranquille. Il m’apprend le métier de cordonnier. Je suis son apprenti comme qui dirait. »

Son père est une brute, une bête noire. Violent et alcoolique, jaloux et sauvage, il frappe ses enfants à coups de haine et de mépris.

« Sans aucune explication, ils m’ont embarqué avec eux. Au moindre mouvement tu siffles et tu fais ce que je te dis, c’est compris ? »

Son père et son frère Alphonse vont commettre un crime. Tuant un homme afin de lui dérober son argent. Victor est obligé d’avouer aux gendarmes qu’il est complice, son frère étant marié avec un enfant, il doit se dénoncer à sa place sur ordre de son père sans état d’âme.  Son père le sait pour lui-même se sera la guillotine.

« La nuit tombe, les prisonniers sont allongés au sol. »

Victor perçoit sa chute et ses rêves brisés. Lui, le cordonnier, le jeune apprenti voulait s’émanciper et s’enfuir des griffes de son père. Pourtant, autour de lui gravitent des êtres humbles et respectueux pour lui. Baume au cœur, résurgence, des sourires qui font œuvre de thérapie.

« -Toi, tu vas t’en sortir. Avec ta belle gueule et tes cheveux soyeux, il ne peut rien t’arriver. A seize ans, tu seras bon pour la transportation. Ils ont besoin de gros bras là-bas. Dix ans maximum dans un pays neuf, c’est ce qui peut t’arriver de mieux, crois-moi. »

Mars 1869, tribunal du Mans, l’implacable pour lui. L’enfant va être condamné. Il va avec les autres prisonniers partir pour Toulon. Poulbot que l’on aime de toutes nos forces. La fraternité communicante, bagnards encerclés dans les cellules nauséabondes. Victor ne résiste qu’à la force intrinsèque de l’espérance.

« - Adepte de Proudhon, sale anarchiste, vaurien ! »

Neuf ans de terreurs pour Victor. Le périple jusqu’au bagne de Nouméa en 1872 sera de toutes les épreuves. Enfant balloté, si jeune, dans les violences intestines. A contrario la trame est si douce, si posée que l’on ressent une compassion approuvée pour ces êtres en partance. Elle est un cercle d’hommes et de femmes (Les Pétroleuses) qui s’allient pour résister aux épreuves quasi insurmontables. On a du mal à penser ce bagne réel. Pourtant là où gravitent les forts et les faibles, les soldats et les prisonniers, tant de cruautés exacerbées, les Droits de l’Homme bafoués, La Marianne sanglote.

« -Eugène, il te reste un petit truc pour mon ami ? »

L’enfant a faim, en proie au désespoir. Comment grandir dans cette orée impitoyable ?

« Mais parfois je me dis que pour un condamné à vie, la falaise doit paraître bien attirante. »

Le livre s’achève, pas l’histoire qui restera éternelle. Franck Chanloup lève le voile sur l’évasion advenue. Je ne peux en dire plus. Ici, il s’agit « Des Enfants de la Veuve. » Retenir entre vos mains, la solidarité, la camaraderie, l’alliance des Frères, les prisonniers courant sur la plage, Les enchaînés des lumières. Cet enfant Victor, cordonnier dans l’âme, oisillon tombé du nid sous les injustices, l’inégalité, les horreurs d’un bagne, arrivera-t-il à franchir la rive de concorde ? Lisez ce livre, ce perpétuel pour ne jamais oublier. C’est un devoir de mémoire. Victor est le symbole. Une urgence de lecture. Publié par les majeures Éditions Au vent des îles.

 

 

 

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