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L'élégancedeslivres
28 novembre 2022

La Montagne morte de la vie Michel Bernanos Éditions de L'Arbre vengeur

La Montagne morte de la vie - Éditions de l'Arbre vengeur

La Montagne morte de la vie

Michel Bernanos

Collection l'Arbuste véhément

Éditions de L'Arbre vengeur

En librairie

Au doux prix de  9 €

La Montagne morte de la vie - Éditions de l'Arbre vengeur

Mon avis :

Michel Bernanos (1923-1964), quatrième enfant de Georges Bernanos, délivre avec « La Montagne morte de la vie » (1967), le troisième volume d’un triptyque avec « Le Murmure des Dieux » (1964) et « L’Envers de l’éperon » (posthume, 1984).

Cette épopée en osmose avec un style absolu, classique et vénérable honore le fantastique. On fusionne d’emblée avec les quatre éléments, l’eau, le feu, l’air et la terre.

Magnétique, frénétique, la trame complice de deux protagonistes , Mousse, un jeune garçon embarqué par méprise et par force, voire naïveté, sur un bateau, et Toine, le cuisinier, marin aguerri, pétri d’humanité et d’expériences. Il sera tout au long de la fusion de cette histoire, le protecteur de l’enfant.

« Allez petit, ça suffit comme ça, maintenant. Viens, on va donner un coup de main aux hommes...Toine par contre leur parlait presque amicalement. J’en fus sur le moment étonné, puis j’appris par la suite, à nos dépens, que l’homme est vulnérable devant la souffrance, comme devant la joie. »

D’embruns et de ressacs, les rebellions enivrées de faim et de soif, de violence et d’une endurance à bout de souffle, le bateau s’égare dans les affres intestines.

L’écriture olympienne radoucie les mœurs, cherche les latitudes de la sérénité, des ferveurs de fraternité. Ils ne sont plus qu’eux deux sur le ventre cannibale de ce bateau. Périls et soupirs, craintes et lames de fond.

« Je regrette vraiment pour toi, petit, de te voir avec moi dans mon cauchemar d’homme éveillé. Ici, tout est inexplicable. Et ne compte pas trouver la solution. »

Ils naviguent à vue, imaginent une terre accueillante, une ligne d’horizon, un point d’appui, dans les flots remontés et le temps tempétueux et virulent.

Tout change. L’atmosphère est trouble. De brouillard et de silence, l’opacité criante et les angoisses à fleur de peau.

Le naufrage prédestiné.

« On aurait dû apporté avec nous de quoi faire du feu. Dans un endroit pareil, on ne trouvera jamais de bois sec. Tout reste vert à mourir. »

La nature semble maîtresse des lieux. Dans un onirisme étrange qui interpelle Toine et le jeune Mousse. Soudés dans ce méconnu, entre les lianes dévoreuses, les pierres figées qui deviennent cendres. La fureur d’une mystique déboussolée. L’épuisement qui happe ces exilés, égarés sur une terre troublante, risquée, et dont le magnétisme foudroie leurs espérances.

La montagne grogne, les étoiles changent de place, affirment la déroute de la voie lactée. L’arborescence d’un ciel qui élève son chant lugubre.

Fantômes de l’entre-monde, les messages tels des pièges, la sauvagerie sanglante d’un ésotérisme bousculé par la venue de Toine et de Mousse. L’appât d’une montagne morte et plein de vie. On ressent une bataille sourde. Les plaintes sournoises d’une montagne symbolique et dévoreuse.

L’édénique n’est pas. Ici, règne la puissance des roches. Avaleuses et ténébreuses, l’effigie de l’Île de Pâques.

Ce récit apocalyptique est captivant, intriguant, fébrile et de haute précision. Ce classique surdoué affirme un auteur inoubliable tant il dévoile dans un hors norme grandiose, les turbulences confrontées aux normalités. Les épreuves ne sont pas hasardeuses mais prédestinées pour Toine et Mousse.

Assignées à la force et au combat, elles dévorent ce livre qui incite à la réflexion.

Où se trouve notre place dans la vie ? Où se love la raison ?

« La Montagne morte de la vie » est un livre périlleux et efficace. Visionnaire, il semble un mythe né d’une main de maître. Envoûtant.

Publié par les majeures Éditions de L’Arbre vengeur. Une collection : L’Arbuste véhément à suivre des yeux.

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