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L'élégancedeslivres
10 avril 2025

L'impatience à être sauvage Christophe Esnault Dessins Aurélia Bécuwe Éditions La nage de l'ourse

L'impatience à être sauvage

Christophe Esnault

Dessins Aurélia Bécuwe

Éditions La nage de l'ourse

 

« L’impatience à être sauvage », la joie éminente.

Un edelweiss à flanc de rocher. L’éclipse qui ordonne un pas après l’autre. L’existence bleue-nuit, prendre conscience de ce qui fut et qui résiste maintenant, et pour demain.

Déambuler au cœur de ces fragments, entre les illustrations absolument envoûtantes.

Les traductions de la vie-même.

On aime : « Souvent, elle ressent le besoin de s’isoler. De ne plus voir personne. De partir seule avec son camion. Avec une réserve de nourriture. Son canoë. Un peu de vin & juste quelques carnets pour écrire et dessiner. »

Christophe Esnault est un poète de la vie. Ici, ce ne sont pas des images d’Epinal, mais l’innocence mise à mal. Les expériences, l’éphéméride et la radicalité de la vérité.

Nous sommes en pleine vue sur un macrocosme qui a retourné la terre à mains nus.

Des morceaux d’architecture dont on aime la saveur sucrée et salée.

Christophe Esnault subvertit la poésie. L’immense privilège d’une écriture réelle, résistante et initiatique.

Ce qui est sauvage ici, est la certitude de l’apprentissage. La fusion des traits surdoués et si gémellaires d’Aurélia Bécuwe, et la plume de cet auteur du présent.

Ce qui reste entre les mousses, cette canopée qui coordonne les fondations de ce texte sociologique, philosophique et l’immersion d’une métamorphose, celle de la lucidité.

Les confidences-myriades. On reconnaît le style surdoué entre les roseaux, les feuillages.

« L’école avait lieu avant l’école puisque. À l’école on ne verrait rien de toute la journée. »

Les entrelacs signifiants, nul ne peut apprivoiser autant que Christophe Esnault cette dualité. Entre la pêche aux gardons, pavlovienne et bienfaisante et soudain : « &  me souvins qu’il avait fait la guerre. En Algérie. »

Il sait ce qu’il soit aux errances de notre monde. Prendre le chemin inverse, celui de la beauté. Deviner que le jour est une somme d’amplitude, où l’on peut soit sombrer, soit devenir authentique. Dans une marginalité conquise, hédoniste et parfois superbement révolutionnaire. On aime les myriades qui se posent sur les pages, après le vol des migrations intérieures.

« L’amoureuse te connaît assez. Pour savoir quel est ton scénario. Érotico-Porn. Quand tu lui proposes. Une très innocente balade en forêt. »

Cette fresque stimulante, sans passé-composé, est l’effusion d’une rencontre dans le jour présent. L’acuité au plus juste de ne pas perdre la main sur le monde.

De se maintenir sur le fil avec les images du passé qui servent immanquablement de levier.

Ici, la preuve que le hasard n’est pas. Tout est relié à la naissance, au rythme social, au monde alentour et au regard connivence.

L’itinéraire sauvage qui vibre, cogne, qui déploie ses ailes pour mieux affronter l’autre, soi, ou son double cornélien. Fleur sauvage en pleine cime des rémanences.

Nous sommes en plongée dans notre contemporanéité. Christophe Esnault nous convoque dans le vif de l’essentialisme. Des grandes importances et Aurélia Bécuwe ouvre ses mains en coquille, un chemin agreste signifiant.

La quintessence d’une œuvre siamoise.

Publié par les majeures Éditions La nage de l’ourse.

E. L.

 

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