Pamoja ! Jérôme Lafargue Éditions Quidam éditeur
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Pamoja !
Jérôme Lafargue
Éditions Quidam éditeur
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« Pamoja ! », une immersion dans un roman glorieux, humaniste, tremblant de fraternité.
Une leçon de vie exemplaire, de rectitude.
La supériorité de lire ce qui étreint le monde. Entre les douleurs intestines, et le mérite de ce livre immense, qui déploie ses ailes, afin de retenir le meilleur.
Splendide, humble, le regard placé au plus juste.
« Pamoja ! » Haut les cœurs !
Ce titre révèle l’effusion de la concorde. Plus tard, après la lecture seulement, vous saurez son évidence vertigineuse.
Ouvrir ce livre, enlacer son pouvoir, franchir le seuil et pénétrer dans le battement du cœur de « Pamoja ! ».
L’histoire est bouleversante et touche les pas, les gestes de notre contemporanéité.
« Anton étouffait entre quatre murs. » L’incipit dépasse la fiction, inaugural et sensible. Cet orphelin, adolescent, cabossé par la vie, abandonné par la matrice-mère, une famille d’accueil pour refuge. Ce mot, fil rouge de ce récit aux mille accolades.
Seul, son chien loup Windy est son complice. L’affection pour cet animal imposant est l’immuable compensation affective.
Anton, dans une des ses déambulations, va être le témoin d’une scène hostile, violente.
L’emblème même d’un fléau irrévocable, celui des migrations meurtries.
Entre les feuillages, apeurée, une petite fille de huit ans, biche traquée, prise en otage par deux passeurs. C’est une situation terrifiante, de cris et de peurs. Un camion chargé de migrants, surveillés de très près. Cette petite qui va bondir du camion, se faufiler entre les griffes de ces trafiquants. Dévaler entre les fourrés, les branches qui fouettent son visage et lacèrent son advenir.
Petite et si vaste de tragédies. « Pamoja ! »
« C’est lui qui entendit les bruits le premier. Portières qui claquent ! Ordres qui fusent. Il se met à grogner, oreilles dressées. »
Nila, son lapin en peluche dans ses bras, va être rattrapée par Anton et Windy. Vite, la sauver, la cacher dans une cabane jusqu’au silence, enfin.
Nila et Anton vont relier leurs souffrances, se comprendre dans une langue Babel.
L’obsession cardinale de l’entraide.
Ici, rayonne une écriture Graal, pétrie d’humanité.
Crescendo, la trame est dans une grandeur sidérante.
« Il n’y avait qu’un seul endroit où aller. » Anton va se rendre chez Gustavo, un vieil homme vieillissant, original, dont le passé est dessiné sur son visage.
Anton a confiance. Anton devine en cet homme, cette part de noblesse. C’est son voisin, et il pressent en lui, un secours indélébile.
Et pourtant, une guerre anticolonialiste en Afrique de l’Est, hante sa mémoire. Une dette morale sur le cœur.
« On ne devait surtout jamais tourner le dos à celui qui envoyait les signes. »
« Le petit voisin et la petite réfugiée. » Siamois, qui savent leurs traits communs.
Le roman est le marque-page d’un livre blanc en mutation de bienveillance.
L’union fait la force. Trois, tout est symbole ici ! Gustavo, avec Maïtena, une guide altruiste, secrète, vont emmener les enfants dans un lieu secret, caché du monde. Il appartient à Maïtena. Une femme valeureuse qui cache au monde du plein jour, ce qui se passe la nuit, au loin, dans ce camp où elle va avec vigueur et ténacité emmener les deux petits êtres, des oisillons qui savent déjà tout des grandes personnes, le bien comme le mal.
Ici, un peu l’Atlantide, un endroit qui semble l’utopie gagnante. Pour les errants, les éperdus, les migrants et les enfants kidnappés au préalable par des monstres sans âme.
L’adage de Marc Twain prend tout son sens : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »
« Ils pénétraient dans un royaume où noblesse et sauvagerie appartenaient au même camp des justes. »
Nila, dont le lapin convoité des ravisseurs détient la clé. L’enfant-exil, proie vive d’un laboratoire. Fillette emblématique, ce roman est pour elle et eux. Décrocher du tableau les nouvelles technologies, les essais cliniques à des fins de transhumanisme.
Jérôme Lafargue tient les cartes en main. Ce récit est d’une telle maturité, d’un tel enjeu de réflexion qu’il en devient politique et profondément sociétal.
« Pamoja ! » est l’impulsion d’un livre absolument nécessaire.
Il pointe du doigt là où ça fait mal. Les filières clandestines, les expérimentations sur les enfants.
Nila, bouc-émissaire d’un monde qui a mal avec son prochain. Une enfant martyre et l’emblème du plus fort sur le plus faible. Au-delà de cette thématique, s’élève les vénérables camaraderies et la foi en l’autre. Le secours comme une obole qui transperce les ténèbres. Ce livre est ici. Dans ce présent-même. L’explosion des possibilités, « Pamoja ! » l’antidote au désespoir. On ressent l’amplitude charnelle de la bonté, de la magnanimité.
« Les destins se fabriquent la plupart du temps sur des coups du sort. Ou sur un rêve partagé. Et un refrain. »
Jérôme Lafargue signe un chef-d’œuvre inoubliable, dans une capacité d’amour extraordinaire.
Un livre d’une grande dignité. J’aurais aimé pouvoir l’écrire.
"Ce n'est pas temps qu'ils sont seuls contre le monde, ils sont le monde à venir."
Publié par les majeures Éditions Quidam éditeur.
E. L.
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