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L'élégancedeslivres
16 mai 2025

Comme une lanterne sur les ruines Cécile Schouler Éditions du Panseur

Comme une lanterne sur les ruines

Cécile Schouler

Éditions du Panseur

Émouvant, l’état pur, « Comme une lanterne sur les ruines » est la prodigalité du dernier geste.

Un chant funèbre à l’instar de la plus belle des polyphonies.

Retenir, avant d’oser l’expérience de lecture vibrante, intime, pudique, l’heure d’atteindre l’acuité d’un texte lumineux et sensible.

Ici, tout est vrai, dans le souffle d’un rythme qui ne s’achèvera jamais.

Cécile Schouler donne le pouvoir à cette enfant, elle-même dans l’aube de ses jours.

Une collégienne de treize ans qui orne les pages de ce livre qui n’est plus.

Elle fait de l’hiver de ses dires, le printemps de l’éternité.

Il n’y a pas dans cette trame, de la glace qui se fissure, ni des branches cassées, des larmes de neige, le pathos est refoulé.

Nous sommes dans une dimension mémorielle qui réajuste les entendements.

Ici, tout est fleuve et perspective loyale.

On peut rester assis sur le banc de ce récit de vie.

L’étreinte est rémanence et d’une tendresse inouïe.

« Si je compte jusqu’à trois et que mon ombre est toujours sur le sol, c’est que je suis vivante. »

« Ça ne plaisante pas les formules magiques, surtout celles qu’on utilise souvent. »

« Moi, je compte dès que la vie devient trop grande. »

Cette jeune fille, d’ubiquité, angoissée par les bruits sourds, les déambulations dans les rues. Cette autre solitude, des intériorités, dans le cloisonnement de ses angoisses, est un oiseau noir en son corps. Elle se cherche. L’épreuve de la vie dans le contre jour de ses craintes.

Mal à l’aise, apeurée, une seule amie, Laëtitia, une soupape de sécurité. Faire croire que tout va bien, se fondre en mimétisme dans cette adolescence aux abois.

Marcher dans son ombre, et se croire un instant vivante.

Anonyme dans la résurgence d’un quotidien où elle vit seule avec sa maman, qui l’aime, mais mal.

Elle remarque un jeune garçon dans le rituel de ses trajets pour le collège.

Elle n’ose bouger. Le jeu du chat et de la souris. Les regards baissés, les frôlements des coudes.

Retenir l’attrait, craindre la fuite. Cette connivence des êtres blessés dans leur chair.

Invisible au monde, elle pressent dans ce jeune homme, son double cornélien.

Prévert, convié dans cette quintessence d’une aube qui s’apprête.

La beauté douloureuse de par les vulnérabilités. Le requiem de cette enfant qui va sublimer l’espoir.

Déjouer ses doutes intérieurs, s’approcher peu à peu, de plus en plus, vers cette silhouette. La langue siamoise, où Prévert est l’incantation.

Ici, il est aussi question de littérature, d’échanges à venir entre ces deux enfants, des petits mots lestés d’étoiles, ou à contrario, des rêves blessés.

Attendez un peu, ce n’est pas encore l’heure.

Elle va cueillir l’imprévisibilité, apprendre à bondir dans le mystère d’une connaissance d’hérédités et de passations, ce que les adultes ne savent pas.

Elle est dans une autre dimension, celle de la confiance et de l’inné.

Deux enfants siamois, deux poulbots, lui, romantique et sauvage, craintif et sans domicile fixe.

Il écrit des poèmes, des mots jetés en pâture, sur l’asphalte de ses peurs.

« Comme une lanterne sur les ruines », « Légère et multiple, comme les mille reflets de lumière dansant sur une seule et même goutte de pluie. »

Leur monde gémellaire fusionne, entre la tendresse et la pureté, l’amour des écorchés vifs.

Ils sont requiem et canopée , des rencontres dans les nuits hasardeuses. Les rendez-vous nocturnes, cachés du monde, dans leur cabane, dans les ruelles où la lanterne brille telle un point d’étoile descendue sur leurs âmes.

Petite fille, qui apprend le crépitement des fragilités et le charme des complétudes.

Prévert ici, pose tel un ami depuis toujours, le poème qui encense les théologales gestuelles innocentes.

Ce jeune garçon, le radeau de Géricault, torturé et seul au monde sans elle.

Prostitué, drogué, le regard vaste, la tristesse douce, à l’instar d’une litanie, une pluie fine qui le rend fébrile et en survivance.

Il est la noblesse rimbaldienne, il est Fatras, et Paroles, Prévert dans une communion qui élève pourtant si loin.

Il aurait fallu, une société fraternelle, un peu de pain frais dans le matin. Mais il est perdu, dans les bois, où ses semblables ne sont plus que noyades et brûlures dans les veines.

« Il demande à la vie de faire du bruit, du vrai bruit vivant comme la vie. Mais la vie reste muette comme une lanterne sourde. »

Ici, ne prenez pas froid, dans l’authenticité de cet hymne magistral.

La supériorité d’un récit rédempteur, les ailes d’envergure, la cime voluptueuse des amours vénérables.

« Nos deux respirations se calent jusqu’à devenir un souffle commun et on s’endort, enfin, sans savoir si nous sommes vainqueurs ou vaincus. »

L’enfance avec des cernes sous les yeux.

« Comme une lanterne sur les ruines » est le panthéon littéraire.

« Quand je te regarde, je vois quelqu’un. »

Un livre immense sur l’amour et le sacrifice.

Le haut du ciel.

Une fierté éditoriale.

« Si on me demande ce qu’à été ma vie, je répondrai qu’elle a duré toute une nuit et que je n’ai pas eu sommeil. »

Sébastien.

Publié par les majeures Éditions du Panseur.

E. L.

 

 

 

 

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