Itinéraires du refus Jorge Valadas Collection Brûle-Frontières Éditions Chandeigne & Lima
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Itinéraires du refus
Jorge Valadas
Collection Brûle-Frontières
Éditions Chandeigne & Lima
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« Itinéraires du refus », la citation de la vie, beaucoup de ciel et de méandres.
Atteindre l’épiphanie de la mémoire.
Un livre d’heures inestimables.
Jorge Valadas conte dans l’intégrité d’une parole allouée aux chemins de traverse.
L’expérience existentielle, l’expression inépuisable de ses généalogies.
La réalité sans contre jour, ni froissements particuliers, dans cette aura des dires si exhaustifs.
C’est un texte tiré au cordeau, captivant et apprenant.
La grande Histoire se mêle à la sienne, tout est accord.
L’humain qui se forge dans sa propre construction et l’enfance socle dans sa plus vive exactitude.
Les entêtes des chapitres, encensent l’écriture.
« Les sentiments humains, une fois éveillés ne tiennent pas dans les limites d’une patrie, si grande soit-elle. » Fereira de Castro.
L’ubiquité des migrations intérieures et les réalisées, « Brûle-frontières », à l’instar du nom de cette collection à suivre des yeux.
Jorge Valadas est portugais. Né à Lisbonne en 1945, il n’aura de cesse dans cet âge grandissant au fil des pages, de déjouer les codes. Chercher sa voie immanquablement, dans la multitude des contradictions de son pays natal.
Apprendre par les non-dits, le silence lourd de sa famille, quant aux turbulences liées à la dictature de Salazar.
« Au lycée, la classe de « Religion et morale » est l’endroit où sont inculquées les idées de Salazar, le tout agrémenté des boniments religieux qui m’agacent de plus en plus. »
Le cercle familial, l’épicentre du microcosme sociétal, est imprégné par la politique.
L’invisible dans les faits et gestes, les regards et les pensées, « le père est quelqu’un d’instable. Il n’est jamais bien nulle part. »
« À Leira, petite ville de Province où nous nous installons au début des années 1950 , la question du « communiste » revient inlassablement. »
Son père penche du côté de Salazar. Jorge ne comprend pas. Il cherche la raison. Mais de sa fenêtre, il ne voit rien. Le jeune adolescent brillant, féru de littérature, dans les entrelacs où, il a réussi à se libérer des carcans des classes de religion.
Comme un pied de nez à l’adversité, le passage-gué pour vivre sa personnalité quoiqu’il en coûte.
Ce récit d’apprentissage, ardent, fidèle à la vérité, est dans l’absolu d’une avant-garde prête à éclore. Jorge est un révolutionnaire de la pensée.
Il est ce qu’il désire au fond de lui-même, c’est à dire briser les chaînes mentales.
Car oui, Jorge est éveillé, déjà libre, se faufile entre les évènements d’un pays dont les îles colonisées vont se révolter.
Il a déjà cette attitude de la loyauté et du libre-arbitre. Mais ne peut éviter les activités imposées de la « Mocidade Portuguesa », l’organisation de la jeunesse fasciste.
Il ira souvent chez les Bentes qui habitent près de chez lui. Dont les enfants Arthur et Ausenda sont ses parrains. La stabilité intellectuelle où ici, il trouve son alter-ego. La veille sur ses faits et gestes, ce qu’il devient en tant que jeune garçon dans un pays fracturé et de filatures.
Jusqu’au jour où il comprend pourquoi.
Les hautes trahisons et ses confiances bafouées. Taire la somme des mensonges.
Jorge est au cœur d’une fresque terriblement humaine et implacable.
Le jour de trop, où il fuira l’armée coloniale, déserteur, et digne. Perdu pour les siens, dans ce temps bouleversant, crépusculaire. Une disparition pour contrer la prison.
Libertaire, salutaire, épris de justice, héros dans la temporalité de ses choix, Jorge se rappelle.
L’île pavlovienne, de Abóbora, où son père est plus calme, posé, plus intime avec son fils dans ses courtes apparitions durant ce long temps de vacances. Villégiature bercée de bandes dessinées, de langueur, et de soleil.
Un semblant de paix, le privilège d’une éducation bercée d’une facilité sociale.
Tout pour Jorge est source d’écriture, l’épistolaire d’une idéologie qui enfle.
Ce livre est la preuve qu’un pays de toute beauté peut être fuit pour un temps ou pour toute la vie.
Une société en pleine mutation qui interpelle la conscience de Jorge. Il est dans l’affranchissement de ses lucidités. Il dépassera les frontières mentales et les réelles.
Des faux papiers, la France à l’instar d’un passeport exutoire, où il va puiser dès le seuil franchit sans distance, le macrocosme de son libre-arbitre.
Mai 1968, les manifestations contre la guerre du Vietnam, la révolution des Œillets à Lisbonne, il n’aura de cesse de combattre les injustices.
Libre, immensément libre, à l’instar d’un albatros. Cosmopolite, et tellement dans l’évocation de ses choix.
« C’est par ce processus de s’exiler de l’exil que j’ai trouvé une place dans le grand monde. La place qui me convient. »
Ce récit qui excelle d’authenticité, d’acuité boréale, de bordures effacées, les itinéraires sont des échappées dans les entrelacs d’une personnalité exemplaire.
Le fil rouge de la vie, dont Jorge fait un palais d’honneur dans le génie d’une fenêtre ouverte sur le monde.
« Itinéraires du refus », irradiant de sincérité, « l’océan et le sable chaud de l’Algarve sont pour moi le baume de la cicatrisation de l’errance ».
Témoin critique des idéologies, l’apothéose d’un livre profondément humain et fraternel.
Publié par les majeures Éditions Chandeigne & Lima.
E. L.
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