La vie en zigzag Faire histoire de nos histoires Karelle Ménine Préface d'Arlette Farge Éditions La Baconnière
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La vie en zigzag
Faire Histoire de nos histoires
Karelle Ménine
Préface d'Arlette Farge
Éditions La Baconnière
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La narration du monde.
La cathédrale de la parole.
« la vie en zigzag. Faire Histoire de nos histoires » est un parchemin méticuleux et d’acuité.
Empreint de fragments, la langue-sacre.
Un sablier d’où s’écoule la prodigalité.
Karelle Ménine donne le plein pouvoir à l’archive-Babel.
Diplômée en histoire contemporaine et en journalisme, de nombreuses publications dont « La Pensée, la Poésie, et le Politique », adapté à la Comédie Française.
Éveillée dans l’astre de l’écoute et des traces de l’Histoire. Autant d’échos et pour toujours la vérité. Elle rassemble l’épars, les évènements douloureux qui hantent encore, de par la prolifération des douleurs assassines et infinies.
L’Histoire, l’anthropologie, les sciences humaines, l’altruisme, sont le cercle du monde et de ce grand livre flambeau.
Un recueil qui témoigne et redore l’humanité.
La vie est ici et consignée à jamais.
Les archives dont Karelle Ménine entrouvre les pages et laisse l’histoire des hommes s’épandre d’une voix douce et avec sincérité.
Pas une fausse note, pas un faux pas.
Ce recueil est l’aptitude à l’écoute, à la transmission, au devoir du souvenir et de notre présent.
Tout prend sens dans ces dix-huit fragments. On collabore à l’enchantement d’apprendre.
On pleure de par les éreintes fragilités, les douleurs assassines. L’altérité d’un texte que l’on devine d’emblée précieux et incontournable.
Tarjei Vesaas ne distingue pas le langage d’un arbre, d’un animal, du langage commun.
Il dit simplement « que l’on appelle cela comme on voudra ».
« Tenter de faire bouture depuis ce qui a existé et n’est plus, l’archive ne nous donne pas d’autre mission. »
Décrypter l’archive. Saisir entre ce passé, l’ultime présent qui n’en finit pas.
Lire et ressentir l’histoire siamoise qui fait corps avec la grande Histoire.
Être en posture entre ici et maintenant.
« C’est Henja qui est arrêtée et déportée, et c’est Jeanine qui revient d’Auschwitz. Henja a francisé son prénom. »
Des poèmes mémoriels, « le silence de l’archive – qui ne parle que si on lui donne la parole. »
Cet éclat de lumière de haute précision est journalistique et poignant. Il vaut des millénaires de soupirs et de repentances.
On est dans le cœur même de cette lancinante remise à jour, à corps et à cris. On répond présent au miracle de l’archive.
« Avec un stylo, ils ont écrit les chiffres sur nos mains avec une encore spéciale…
Bien que nous soyons au mois de juin, il fait très froid en haute Silésie – nous nous couchâmes par terre. »
Ces miscellanées qui s’entremêlent, œuvrent au passage-gué. Elles accueillent notre contemporanéité et reviennent parmi les vivants. Le pouvoir spéculatif de l’archiviste.
Des résonances terriblement humaines, charnelles, parfois oppressantes. Le tracé de la mappemonde où cohabitent ce qui fut et qui sera.
« Je cherche le balbutiement de quelque chose, une première pierre... »
« Connaîtriez-vous une archive qui abrite un geste de protection ? »
Les archivistes, tels des bienfaiteurs, dont les sommets de recherches, de regards affûtés vers les ombres jaunies des feuilles fragiles et soumises, laissent les effluves éternelles remonter à la surface du temps.
Le mot, le verbe et le son. Le geste et la passation des pouvoirs.
Tristes et émouvantes « Archives des personnes sans domicile fixe » anonymes endormis dans un filigrane sans visage.
Pour bâtir une archive, il faut collecter, assembler, et ceux et celles qui cherchent dans la nuit un nom sur un front, redorent les éperdus d’une aura nouvelle.
L’hommage par l’archive. Le devoir de morale et de conscience.
« Alors faisons-en, des histoires, de notre Histoire si complexe, folle, écrasante, capable de la pire barbarie et de la plus intense bonté. »
karelle Ménine œuvre aux arches sans vieillesse.
Une archive est une fenêtre qui perce le ciel.
Remonter le temps, marche après marche dans un travail de collecte. Le point virgule est un visage. Un point, une blessure. La majuscule, l’ultime visage sur une page et une voix suspendue pour l’éternel.
Ici, l’architecture de la fraternité d’une parole fédératrice.
Cristina Cangi le dit si bien : « Toutes, finalement, parlent d’amour à leurs façons. »
« Un infini besoin d’émerveillement. »
À noter une préface érudite d’Arlette Farge. « Lire ces mots ici écrits, c’est accompagner un geste d’amour et de partage. »
Publié par les majeures Éditions La Baconnière.
E. L.
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