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21 octobre 2023

Charbon Coal Audre Lorde Traduit par le collectif Cételle Des écrits pour la parole Éditions L'Arche

Charbon - Audre Lorde - L'Arche

Charbon Coal

Audre Lorde

Traduit par le collectif Cételle

Des écrits pour la parole

Éditions L'Arche

Charbon - Audre Lorde - L'Arche

Mon avis :

Engagé et profond, les rêves blessés, viscéral et spéculatif, « Charbon » publié en 1976 aux États-Unis, est un recueil de poésies, entre l’étincelante tendresse d’Audre Lorde pour les mots et son inoubliable humanité.

« Chaque semaine une femme différente - aussi régulière que son petit verre du soir – arrache l’herbe qui a poussé sur son repos et qu’elle juge mauvaise. Chaque semaine. Une femme différente a le visage de ma mère... ».

Lire sous le vestige d’un voile féministe, spirituel, ces fragments qui comblent le vide des indifférences. Le combat d’une femme noire, lesbienne, mère, guerrière et poète .

« Les pensions meublées sont de vieilles femmes qui attendent - scrutent par des fenêtres qui s’assombrissent la fin ou le début de l’angoisse ».

Ce livre est l’émancipation souveraine. L’âpreté des efforts pour vaincre les regards baissés. Le libre-arbitre d’une poète qui sait nommer, les discriminations, les proliférations des injustices. Dans une langue intrinsèque et dévorante. Sublime, authentique, sa voix fait saillir l’émotion. Musicale à l’instar de la pluie qui égrène les gouttes une à une. Comprise et complice, ses poèmes sont l’écho des opprimés. Les souffrances d’une femme pour atteindre le macrocosme de sa liberté de conscience. Divinement femme et l’exemplarité assumée. Le sacre du féminin. « « Secrète à présent – ma sœur ne rêve jamais – ni ne pleure l’or qui s’en est allé de son lit ».

Elle acclame, pleure, se rebelle, le charbon écrasé entre ses mains. Les pépites fusent, magnétiques et souveraines. Les aspérités se transforment en or.

Dire la pauvreté, la rudesse des vies, bousculées par les affres. La maternité comme un châle sur ses épaules, qu’elle laisse glisser à ses pieds. Les entrelacs sont sensuels, légers. Échappés des gouffres qui ne sont que des pièges à la quête de soi-même.

L’enfantement d’un texte (page 51) qui est l’épiphanie. Le passage du gué. Et soudain, « Ce que mon enfant apprend – quand ses hivers changent avec le temps – a mûri dans mon propre corps - pour passer dans ses yeux à la première lumière ».

L’hymne à la mère, miscellanées, les soupirs réconciliés. Le sacrifice d’une maternité qui somme les forces vives. Combattre la vulnérabilité, telle une louve qui protège son petit. Le noir déborde comme le lait sur le feu. La couleur de peau sera un levier comme la pleine lune qui ne ment pas.

« Quand elle partait – elle laissait à sa place – des vierges de fer pour me protéger – et pour me nourrir – le lait ridé des légendes ».

Audre Lorde fait d’une fontaine, le fleuve rédempteur. Les amours, ailes (elles), comme un mimétisme qui frissonne sur son corps. Éblouissante et vaste, elle est dans le plein de la vie, comme une nage dans un lac gelé. Elle est le sentiment qui exauce le vrai. Qu’importe ceux qui ne savent pas écrire l’amour. Elle sait pour elle et les aimés (es) et les éperdus (es). Tous et toutes. « Je te parle comme une amie – ou une véritable amante – non par amitié ni par amour – mais pour une rencontre sincère – de soi à soi ».

Les poèmes comme des cicatrices. Les traductions des blessures dont elle change « Charbon » en lumière. Les mots sont des espaces pour respirer. Reprendre le souffle et dire la cruauté des inégalités. Avec l’entêtement d’une belle personne. Elle dépeint la source vive des résistances. «Les rêves ça pique. Le rêveur et ses mythes – s’arment au bord de la quête ». Son enfant comme le berceau des mansuétudes. Elle sait l’épreuve pour lui, en advenir. Le regard est l’étoile égarée dans le ciel. La beauté et la ferveur, la tragédie humaine, sans la fraternité des existences. Elle nomme ses sœurs de combat : Martha. Le Liant qui fait battre son cœur. Femme révélée. Lire et vaciller, étreindre « Charbon », envoûtant et indicible. « Martha je suis à nouveau amoureuse. Écoute, Frances, j’ai dit au solstice – notre été a commencé – Aujourd’hui nous sommes des sorcières assez fortes pour repousser les montagnes ».

Audre Lorde est l'emblème du mouvement féministe noir américain.

Traduit par le collectif Cételle. « Des écrits pour la parole ». Bilingue.

Publié par les majeures Éditions L’Arche.

 

 

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