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L'élégancedeslivres
4 décembre 2021

Pour que je m'aime encore Maryam Madjidi Éditions Le Nouvel Attila

Pour que je m'aime encore

Pour que je m'aime encore

Maryam Madjidi

Éditions Le Nouvel Attila

En librairie

Pour que je m'aime encore

Mon avis :

« Il ne se passe rien ici. J’y ai vécu quinze ans. Il ne s’est jamais rien passé.

J’y suis revenue y vivre. Et il ne se passe toujours rien.

Tu es une ville peuplée de fantômes. Tu es une ville qui s’excuse d’exister.

Allez sur le pont, regardez les trains passer, vous entendrez les fantômes crier. »

Sociétal,« Pour que je m’aime encore » est criant d’authenticité. Maryam Madjidi c’est elle, l’histoire. Elle conte les premières marches de sa vie, jusqu’au piédestal de sa renaissance. Course en pleine nuit noire, les cheveux emmêlés dans les tours HLM de la banlieue parisienne.

« Je vous écris de Drancy ».

Écoutez Maryam, ses luttes pour atteindre le mimétisme. Elle, l’as de cœur d’une France clivante. Trop brune, trop iranienne. Être conforme coûte que coûte, se glisser entre les faux-semblants et affronter la cohorte d’adolescents dangereusement hostiles.

Elle est vive, battante, brillante et affûtée aux coups bas. Grandissante entre deux rives.

« Elle montrait du doigt une fois de plus le mouton noir, la brebis galeuse venue d’ailleurs, détachée de son troupeau et s’aventurant marginale sur les pistes enneigées du sport occidental. »

On aime sa ténacité, ses batailles rangées et son regard qui en dit long sur le mépris d’une France ravagée par son racisme anti-pauvres, anti-cités, étrange (ère). Maryam pointe du doigt là où ça fait mal.

« J’étais une Robine des Bois de la scolarité. Une communiste du savoir.Je le partageais, je le redistribuais à ceux et celles qui en avaient besoin. Prenez, c’est gratuit et si ça peut faire remonter la moyenne, tant mieux. »

Ce récit pétille d’endurance, de clairvoyance. L’intégration est une épreuve.

« Hypokhâgne, Khâgne lettres sup, École Normale Supérieure . Agrégation de lettres, Professeur de littérature à l’université. »

Battante mais fragile, sa carapace s’effrite, Rocher de Sisyphe. Les étudiants sont quasi tous du versant où la facilité s’écoule comme la richesse. Les nantis des bancs des grandes écoles où les privilèges s’affichent sans aucun état d’âme à l’instar d’une normalité . Va t-elle résister contre les vents et les marées ?

« Je venais de trouver l’ascenseur qui me ferait monter aux étages supérieurs. » « Mes genoux étaient cagneux. »

Ce récit exaltant de franchise est le reflet de notre contemporanéité. Maryam Madjidi est à l’instar d’un aigle noir volant toujours plus haut et plus loin. Offrant les clefs de par son exemplarité. Fronton d’une République universelle, « Pour que je m’aime encore », initiatique, lumineux, est un livre blanc à bâtir. Une urgence de lecture !

Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.

 

 

 

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