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L'élégancedeslivres
11 janvier 2022

Prison Emmy Hennings Traduction de Sacha Zilberfarb Monts Métallifères Éditions

Couverture du livre « Prison » de Emmy Hennings aux éditions Monts Metalliferes

Prison

 

Avant propos de Hermann Hesse

Emmy Hennings

Traduction de  Sacha Zilberfarb

Monts Métallifères Éditions

En librairie

Couverture du livre « Prison » de Emmy Hennings aux éditions Monts Metalliferes

Mon avis :

Intime, engagé, d’ombre et de gravité « Prison » est un récit-témoignage incontournable. Hermann Hesse majuscule de l’avant-propos dévoile la forte personnalité de Emmy Hennings, cabarettiste « toujours du côté de ceux qui luttent, des pauvres, des affligés, elle préfère ceux qui souffrent ; elle vibre pour les persécutés et les déshérités. »

« Prison » est un classique dès l’aube née, une œuvre majeure.

Emmy Hennings s’inspire de son vécu carcéral, accusée de vol en vérité, elle a passé plusieurs semaines en prison.

On ne quitte jamais des yeux Emmy. Cette dernière est convoquée brutalement suite à une lettre qu’elle a écrite demandant la date de son audience au tribunal car elle voulait malgré tout se rendre à Paris. La justice frileuse et méfiante la somme de s’expliquer à la préfecture de police. Elle ne comprend pas pourquoi. Elle préfère croire à la délivrance de la date de son audience. Il n’en sera rien . Eux pensent à une fuite probable de cette dernière. Elle, le bouc-émissaire d’une justice floutée par la toute puissance d’une police outrancière.

D’emblée, on ressent une vive empathie pour Emmy. L’absurdité d’une justice kafkaïenne, ubuesque et méprisable. Avant-gardiste, libre et intègre, elle ressent les courants d’air des diktats, les sidérations des obstacles. Elle devient vulnérable, se le refuse, le front altier et les joues pâles, le corps courbé par l’irrévocable.

« Prison » est un plaidoyer, un livre blanc, un canevas sociétal et le reflet des enfermements intérieurs.

« Je consulte ma mémoire. J’appuie ma tête contre la porte en fer. Si je ne me trompe cinq heures ont sonné… J’ai enregistré ce jour comme un objectif… Je regarde ce judas noir. »

Existentiel, dont ne peut effacer l’indélébile, barreau sur la conscience. L’innocence, ici, est un hymne à la patience. Les sœurs de cellule, l’entraide et le partage, la débrouillardise, l’as de cœur. Soumises, en proie aux grisailles des classes sociales désenchantées, lianes des ténèbres, résistantes et dignes.

« La marche funèbre de Chopin  murmure en moi. Ces messieurs du tribunal devraient être oniromanciens. Les rêves illégaux sont punissables. »

« Prison »est l’idiosyncrasie des épreuves carcérales. Cri dans la nuit noir, un livre qui interpelle les aberrations et l’hégémonie des sphères judiciaires.

« Ces murs ont été construits par des mains implacables qui étaient tout à leur affaire. C’est pourquoi ces mains sont impardonnables. » « Seul qui connaît la nostalgie sait ce que je souffre ».

la culpabilité, aigle noir, les interrogations qui font vaciller les possibles résurgences, « Prison » est un acte militant. Un livre fraternel et digne, un hymne pour la liberté, le chant triste des confidences emmurées. Un hommage pour ces prisonnières, « car son seul crime est d’avoir négligé de renouveler une licence de colporteur ».

Crucial, une chance éditoriale hors norme doté d’une traduction perfectionniste de Sacha Zilberfard, une mise en lumière touchante et bouleversante. Une urgence de lecture ! Publié par les majeures éditions Monts Métallifères.

 

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