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L'élégancedeslivres
3 avril 2022

Cabane Millie Duyé Éditions Le Nouvel Attila

Cabane

Cabane

Millie Duyé

Éditions Le Nouvel Attila

En librairie

Cabane

Merci beaucoup aux éditions Le Nouvel Attila & à l'agence littéraire Trames pour l'envoi de ce magistral récit.

Cabane

Mon avis 

« Cabane », matrice, l’Alcazar, refuge-grotte, le récit prend place. L’enfant conte sa vie, écueil et dérive. Les mots surdoués de Millie Dujé accompagnent cette petite fille piégée dans l’orée des alias familiaux. Fissures abyssales, chevelure accrochée aux branches-abri. L’enfance écartelée, deux maisons, grand écart, le vide l’interpelle. Elle creuse son nid dans un antre rien que pour elle. Se construire à pas de loups, subrepticement la colline de ses désirs d’enfance.

Elle chuchote cette enfant, l’heure fragile des repères qui s’effondrent. Un père côté nord, une mère côté sud, elle cherche la lumière dans son refuge-laine. Se bâtir une cabane. S’inventer la tiédeur, le cocon, devenir unique et sans attache.

La cabane parabolique où s’agite l’imaginaire et les fantasmes, où le jeu est contre-poids. Elle puise dans ses architectures la marelle ciel et terre et piétine les faillites parentales. Elle avale une ancre, un petit jouet symbolique. Appel au secours, se noyer dans ses propres turbulences.

Le récit intrinsèque, dévorant, superbe est une alliance infinie avec cette enfant. S’évader pour sauver sa maman défaillante et malade, un père à mille mille des enjeux éducatifs, l’absent qui aime sa fille mais mal, lac salé et mer indigne. Ses cabanes sont des poupées gigognes, pour elle et le voyage intérieur, une soupape de sécurité.

« Ici personne ne pleure avec de vraies larmes. Ici, je perds mon âge, sans être malade. On voyage sans même se déplacer. Hier, vieillard éclopé, demain, princesse éplorée, mais toujours en sécurité, loin du dehors, dans un endroit où le débordement fait de nous des héros. »

« Le plancher est rudimentaire mais celui-là ne s’effondrera jamais. »

Arche de Noé, baume au cœur et racines, cabane (es) pour l’enfant-adulte sans craies de couleur.

L’écriture est un palais d’honneur, plus qu’une rencontre avec cette petite fille, une fusion toute de liane, d’intuition et de franchise.

Malade et si démunie de tendresse, pain moisi abandonné dans la cabane. Une pomme sous le lit, observer la pourriture montante, le déni des parents.

« La cabane a un sexe et il est féminin. »

« Je crois naviguer du C au A, quand je suis déjà ailleurs, bâillonnée. »

Grandissante, puzzle au nom commun, floutée par les méandres intestinaux. Recueillir dans ses mains d’enfance pâle, les monts et les soucis, marée-haute la cabane dérive.

« Je ne suis plus qu’un lieu. »

Ce livre bleu-nuit est triste et beau, lumineux et sombre à la fois. Les rêves d’une fillette écorchée vive dans les entrelacs où les siens ont détourné les yeux. Radeau de Géricault, les métaphores, aigles noirs, l’enfance as de pique, la carapace exutoire.

Murmures et l’amour coque, je pense que la bonté est rare. Ce récit est un séisme mental. Un livre désespérément magnifique. Une cabane littéraire qu’on serre dans nos bras de toutes nos forces.

« Bateau-lit, glisser sur le fond de la mer »

Le crépuscule et un hommage aux enfants égarés dans les limbes familiales.

Inoubliable, puissant. Un livre pour tous les parents du monde. Publié par les majeures éditions Le Nouvel Attila.

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