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L'élégancedeslivres
19 mai 2022

Seins noirs Watson Charles Éditions Æthalidès

Seins noirs

Seins noirs

Watson Charles

Éditions Æthalidès

En librairie

Seins noirs

Merci beaucoup aux éditions Æthalidès et Watson Charles pour l'envoi du magistral recueil de poésies : Seins noirs.

Seins noirs

Mon avis :

« Je suis noire, mais belle, fille de Jérusalem, comme les tentes de Kédar, comme le pavillon de Salomon. Ne prenez pas garde à mon teint noir ; c’est le soleil qui m’a brulée. »

Le Cantique des cantiques.

L’Alcazar poétique !

Ce kaléidoscope d’une beauté inouïe, scindé en cinq fragments est un recueil perpétuel qui restera gravé dans le marbre.

Vibrant, transcendant, maîtrisé à l’extrême, « Seins noirs » résistera à jamais aux tempêtes de sable en plein désert, l’oubli ne sera pas.

Écrire ainsi relève du génie. Watson Charles est doué, très.

Seins noirs, Étreinte, Corps, Abîmes, Étincelle, macrocosme devenu.

« J’aimerais être cette pluie qu’apporte l’oiseau

Avec son grand sourire de géranium...

Les enfants sont repris le chemin de halage

Et le ciel comme un grand puits est attelé à leurs cheveux. »

Lucide, sensible, souveraine , l’écriture est un miroir d’opale. Watson Charles délivre ses traversées en pleine mer parabolique, les exils ressacs. Le langage d’un corps féminin qui se retourne à contre-sens. Les dérives, le radeau de la Méduse de Géricault. L’infini miracle de l’espoir, perle d’écume sur le sein noir enivré d’attente et de fièvre.

Litanies, chants, rais de lumière, livre d’heures. Ode certifiée, mélancolique car trop belle. L’émerveillement retient son souffle. La pudeur du sage assigne à écouter encore et encore cette voix chapelet qui égrène les poèmes au rythme de ses pas. Tant ils sont cercles et béatitudes.

« Je dirai aux enfants

Que l’aube est une feuille

Que l’on jette au plus près des rivières…

Les murs des églises battaient en moi

Comme ce pain dur dans la bouche du paysan…

Et tu m’as toujours dit : la nuit est une ville en triangle

Mais aussi l’ombre qui se défait. »

L’endurance loyale, l’absence ébène, poésie salvatrice, théologale, terre broyée, promesses tressées et vertueuses. Ne jamais oublier le passage de l’écluse symbolique.

« Dis aux pélerins

Que mon souffle

Est fait de chant

Et de sang d’Afrique. »

Les souffrances, les épreuves annoncées au tableau noir des jours. Craie blanche, le regard puise à la source.

« Seins noirs » l’apothéose, marée-basse, le tragique-empreinte, la solitude-mère. Poète céleste, ces hommes qui manient bellement les légendes avec leurs poches trouées d’étoiles. J’entends encore leurs voix sur les rives du fleuve s’adressant aux vivants. »

Watson Charles est le poète de la quête. Il rassemble l’épars égaré au sommet des interrogations, des considérations, des turbulences. L’exil aux abois, ce recueil est un flambeau qui vaut mille vies.

« Je contemple les rives jusqu’au ciel dominé. »

Une merveille de complétude. Incontournable, un edelweiss à flanc de rocher, une marelle entre ciel et terre. Un homme debout et la certitude de lire en grand. Ce recueil est beau à pleurer et c’est bien. Rédempteur et majestueux. Publié par les majeures éditions Æthalidès. À noter : Watson Charles a reçu la mention spéciale du jury du prix Senghor du premier roman francophone et francophile en 2021 pour Le ciel sans boussole.

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