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L'élégancedeslivres
29 mai 2022

À toutes celles que tu es Bénédicte Rousset Éditions La Trace

A toutes celles que tu es

À toutes celles que tu es

Bénédicte Rousset

Éditions La Trace

En librairie

A toutes celles que tu es

Merci beaucoup aux éditions La trace pour l'envoi de ce livre majestueux.

A toutes celles que tu es

Mon avis :

Magnétique, maîtrisé à l’extrême, « À toutes celles que tu es » est une révélation.

Vous savez, ce genre de roman qui octroie toutes les forces nécessaires pour affronter les vents mauvais et les turbulences sociétales.

L’intimité d’un langage dont chaque mot renforce et excelle le plus personnage féminin qui soit. En l’occurrence ici, Noémie, la trentaine, mère solo d’une fillette de trois ans, Lili, dont le père est décédé avant la naissance sans qu’il sache pour Lili. Attention ! Dans ce livre pas de pathos, nous ne sommes pas du côté de la sensiblerie.

« Après quatre-vingt-seize heures de garde à vue pour association de malfaiteurs, je ne cherche pas à nier ou à inventer des histoires qui ne tiendraient pas. Mieux, je décharge mon petit ami… Qu’est-ce qu’on peut être conne quand on est amoureuse. »

Noémie va affronter ses propres démons. Vulnérable, oppressée, au passé lourd de torpeurs intestines, case prison, l’as de pique. Noémie est de cesse en défi. Elle contre l’adversité en plongeant un peu plus dans la délinquance. Même en prison, elle est de combines. Obtenir le plus d’argent possible. Mirages et mensonges, elle est sa propre proie. A contrario, de dualité vêtue, son enfant lui manque. La solitude d’une femme prise en tenailles , bandeau noir sur les yeux. Son père garde Lili. On aime cet homme figé dans ses inquiétudes . Pudique et maladroit, qui aime Noémie mais mal. Lili est son levier , son havre de quiétude. Elle lui insuffle la résistance face aux adversités et à la perte de confiance en Noémie. Il lui rend visite avec Lili en rythme pavlovien . Et ce durant deux ans, regards baissés, l’amour paternel froissé comme du papier cadeau. Il ne peut briser les coquilles pour deux. Noémie est plurielle, symbole de tout et son contraire. Elle s’épanche sur son passé, son enfance.

« Adolescente, j’étais dure. Je ne crois qu’au fond papa me craint. Il ne m’affrontera pas… Un enfant ne nous est donné que pour engendrer notre propre solitude. »

Manichéenne, blessée dans sa chair, Noémie, l’écorchée vive, l’halo sociétal des dérives à feu et à sang. Un roseau qui tremble et qui cherche un appui pour se maintenir sur la rive. Les courants sont forts, le vent mauvais. Noémie revoit sa mère décédée en pensée. Le deuil est un fleuve et Noémie ne sait pas nager. Elle entend l’écho des souvenirs. Les images d’une enfance comble de conseils par sa mère. Le silence seul connaît les réponses.

« Fais attention à ce que tu tolères. Tu enseignes aux gens comment te traiter. »

Noémie est dans le délitement insidieux des faux-semblants. Son frère mature, compatissant et apeuré pour elle, lui inculque la vertueuse issue. Elle n’est pas prête, pas encore.

Écoutons encore Bénédicte Rousset. Noémie s’habille en prison de tendresse et l’homosexualité sera sa consécration. Comprendre enfin les maillages de son corps et de ses sens. Noémie surpasse les mécanismes implacables qui accablent sa chair. La sortie à l’air libre est encore d’épreuves. Harcèlements, agressions, elle reçoit en bagage la contre-façon d’un monde qui profite de la fragilité d’une femme-barreau. Elle est celles. Combien de chevelures diverses en chute libre ? Combien de Noémie en chacune ? Ne craignez pas cette histoire bouleversante, criante d’authenticité. Bercée de compassion par Bénédicte Rousset qui, intuitive déplace les pions. Ici, vous avez des notes chères à Amélie Poulain. Sachez que : Doucement son arrière grand-mère conte en plein midi des repentances le tumulte de l’Hudson. Le General Stocum en flammes. Le drame prévisible, les bouées floutées, tueuses d’avant-garde. Les portes s’ouvrent, une à une, une promesse d’un héritage pour Noémie. Beaucoup d’argent ? Cherchez et vous trouverez. Quelle est la quête ? Quel est le but ?

Magistral, ce roman de noir et de blanc se déguste comme du lait gorgé de miel.

« Un crayon cassé peut toujours colorier. »

« Ici, commence la mer. »

« Je suis libre. »

Salvateur, un livre Mage. Publié par les majeures éditions La Trace.

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