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L'élégancedeslivres
2 janvier 2023

Bombay Marie Saglio Éditions Serge Safran éditeur

Bombay : Marie Saglio - En librairie le 13 janvier 2023 ~ Serge Safran Editeur

Bombay

Marie Saglio

Serge Safran éditeur

Bombay : Marie Saglio - En librairie le 13 janvier 2023 ~ Serge Safran Editeur

Mon avis :

« Je crois à la vérité de cette histoire parce qu’elle est impossible à inventer.

Je crois à sa vérité qui est à la limite de l’invraisemblable et sans compromis avec l’acceptable. »

Erri de Luca

 

« Il n’y a pas de retour possible. Pas en Inde. En Inde le retour s’appelle renaissance. »

 

« Hari vit dans les poubelles. Ses yeux semblent être devenus fous à force de chercher, comme un gobe-mouche, sa pitance dans les ordures. »

S’il est un roman bénéfique, crucial, immensément révélateur, puissamment écrit, « Bombay » est celui-ci.

Écrit par Marie Saglio, anthropologue, spécialiste de l’Inde et de l’exclusion sociale, des bidonvilles d’Inde et du Brésil…. « Bombay » est une mise en abîme de l’Inde moderne .

C’est un outil de savoir où l’on pressent les protagonistes dans l’orée d’une contemporanéité époustouflante. Un roman entre rive documentaire, sociologique, finement politique. Une histoire engagée, sociétale, l’Inde dans tous ses diktats et ses habitus .

Nous suivons des yeux Shiv (l’un des deux Indiens du groupe) qui travaille à Londres dans une entreprise de recyclage des déchets : W.A.R.R.I.O.R (Waste Recycle Re-use Industrial Organisation). Il lui est proposé de travailler durant six mois sur Gandapur, la plus grande décharge de la ville. Un projet en partenariat avec Bombay. Lui, l’expatrié comment va-t-il vivre cette expérience, lui, Indien et pris en tenaille entre les enjeux de son entreprise et ce qu’on attend de lui ?

Construire une centrale capable d’alimenter en énergie une grande zone, celle du nord-est qui développe ses villes. Économie circulaire, quid de l’écologie.

Détruire des bidonvilles, raser à plat les invisibles qui gravitent sur les décharges. Vendre des détritus pour des miettes de pain. Shiv s’envole pour l’Inde. Dans ses bagages, la consigne implacable de faire évoluer les décharges. Changer la donne. On ressent un homme averti aux causes environnementales. Conscient des périls de son pays l’Inde ployée « dans cette vaste brocante qui s’étale le long de la voie ferrée, grand corps en remous traversé par la frénésie du marchandage, les objets disparaissent plus vite qu’ils n’arrivent. »

Shiv s’imprègne de sa terre natale. Il ressent de plein fouet les souffrances des basses castes.

« Tout en bas de l’échelle, il y a toujours le plus bas du plus bas, les chiffonniers, les hommes de la décharge. Ils traitent les déchets des déchets et ce qu’il en reste. »

Recycleurs, l’effervescence de la survie, fourmilière qui gravite dans les déchets. Le dos courbé, les pieds blessés, Shiv observe, prend note, veut changer la donne. Les affrontements entre les hindous et les musulmans, la chasse à l’homme, les religiosités aux abois. Les couleurs qui se meurent dans le Gange. Les fléaux des pollutions, l’eau boueuse sur les lèvres des enfants

La trame perfectionniste rassemble l’épars. Nous sommes dans un récit géopolitique intense, visionnaire et implacable . « Le monde du bidonville est tenu par des contrats invisibles. Tu vois le recyclage, ça permet de blanchir pas mal de choses. Tu as aussi appris que rien n’arrête un père de famille. Que des hommes organisés peuvent empêcher un barrage. Qu’un village mobilisé est une mine de vie. Ton Gandapur est un grand village avec des familles. Il est tenace. »

W.A.R.R.I.O.R, le pot de fer contre le pot de terre. Qui croire ? Que révèle un mastodonte financier aux allures faussement philanthropiques ?

« Ou tout simplement des hommes, au jour le jour, dans le Carpe Diem de la survie. Et des marchés. »

Bombay rebaptisée Mumbai en 1992. Ville tarentule, où d’aucuns risquent de sombrer. Où l’espoir n’a d’enjeu que la survie. « Fais ce que tu as à faire sans peur. ». Shiv vit son pays. Pressent sa présence sur cette terre natale comme les battements mêmes de son cœur. Il devine ses combats, ses engagements, l’urgence des projets. Bâtir sa propre humanité dans une ville-monde, macrocosme fabuleux, fragile et salvateur.

Ce livre est une épopée extraordinaire et apprenante. Un voyage dans l’Inde réelle. Ce roman d’utilité publique, réaliste et intense est construit d’une main de maître, à l’instar d’une conférence à ciel ouvert. Une immersion dans l’Inde dont on ressent toute la ferveur, l’amplitude, les émois et les hôtes de ce pays empreints de ténacité. C’est une histoire plausible, fascinante et lumineuse. Un parchemin existentiel, la littérature imminente. Riche, surdoué, plaisant, « Bombay » est une chance éditoriale, le piédestal de cette rentrée littéraire de janvier. Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.

 

 

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