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L'élégancedeslivres
7 janvier 2023

Petites dents, Grands crocos Émilie Guillaumin

Petites dents, grands crocs - Emilie Guillaumin - Babelio

Petites dents, Grands crocs

Émilie Guillaumin

Éditions Harper Collins

Petites dents, grands crocs - Emilie Guillaumin - Babelio

Mon avis :

Serré comme un café fort, dressé d’une main de maître, ce roman moderne est un kaléidoscope d’une famille en délitement.

Ce huis-clos intuitif, intelligent est à l’instar d’un escalier que l’on monte subrepticement, marche après marche, sans un regard en arrière. L’enjeu est vif, crescendo, adrénaline fois mille. Ce récit plausible parlera à beaucoup.

Sarah Barry est une jeune femme qui a abandonné sa carrière brillante, RH dans une grande entreprise, les responsabilités au summum de ses capacités. Elle est côté ville dans le versant de ses choix, jusqu’au jour où elle abandonne son poste pour écrire son premier roman. Mais voilà, c’est l’arbre que cache la forêt. En vérité c’est pour s’occuper de son jeune fils Thomas.

De fil en aiguille l’étau se resserre. Sarah est prise au piège. Soumise et endormie, secrète et triste, elle semble effacée, en proie à un bovarysme immense. Un sentiment de dévalorisation implacable . Son mari est fuyant. S’échappe du foyer, conscient et fier de lui d’être celui qui fait tourner le foyer côté financier. On a l’impression d’un couple dont le désir est une flamme éteinte. On ressent les courants d’air d’une maison stérile où seules les tâches domestiques sont lois pour Sarah. Elle a le syndrome de la page blanche. Elle ressent l’amertume, l’acidité de ses erreurs et pressent sa chute.

Le récit change de ton. Nous sommes dans un quasi thriller. Sarah est une plante verte qui tombe malade. L’image même d’un décorum qui cherche l’issue de secours.

Cette satire amère et surdouée est à l’instar du loup dans la bergerie. L’atmosphère est oppressante, sans que l’on sache pourquoi, il y a entre les murs de cette maison toute la violence enfouie des non-dits et des faux-semblants.

On ressent les mêmes malaises que Sarah. Elle, fragile porcelaine, femme égarée dans ses propres limbes. Son mari a-t-il une part de responsabilité dans cette décadence ?

La chute d’Icare, le complexe de l’albatros, Sarah est neige fondue. La tarentule métaphorique a trouvé sa proie .

Plus qu’une parabole « Petites dents, Grands crocs » est un lever de voile sociologique, psychologique sur les fondements mêmes de la domesticité. Ce roman à contre sens du féminisme est justement dans la dénonciation des hypocrisies masculines.

La finitude d’un amour qui advient goutte à goutte.

Ce roman sombre, habile et éclairant est un cercle où Sarah est la cartographie des femmes en errance et en quête d’elles-mêmes.

Petites dents, celles de l’enfant, Grands crocs, ceux de Pierre, le mari qui cache bien son jeu.

« Apprendre à toujours se méfier » tel est l’adage de ce récit judicieux et vivement engagé.

Ce troisième roman d'Émilie Guillaumin  est l’idiosyncrasie des victimisations . Habile, brillant, il résonnera dans bien des consciences. Un livre salutaire. Publié par les majeures éditions Harper Collins.

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Commentaires
M
j'ai lu l'embuscade et j'ai réservé celui-ci car Emilie Guillaumin viendra dans notre bibliothèque le mois prochain.
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