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L'élégancedeslivres
22 janvier 2023

Mungo Traduit de l'anglais (Écosse) par Charles Bonnot Éditions Globe

Mungo par Stuart

Mungo

Traduit de l'anglais (Écosse) par Charles Bonnot

Éditions Globe

Mungo par Stuart

Mon avis :

Un monument !

Un roman puissant, douloureux et sombre. Un lever de voile sur les intransigeances des religions. Il interroge l’identité et révèle la force des courages.

« Mungo » retenez bien ce prénom, celui d’un jeune garçon protestant à Glasgow dans l’ère des années 1990, si près de nous encore.

Dressé d’une main de maître par Douglas Stuart, remarqué pour son précédent roman « Shuggie Bain » « plus d’un million d’exemplaires vendus dans le monde ».

Âpre, serré comme un café fort, sociétal, lumineux de par l’endurance de Mungo, le fil rouge de cette histoire touchante et éminente.

Mungo vit avec sa mère Mo-Maw encore très jeune. Elle est ployée sous le poids d’une pauvreté-gouffre. Instable, immature, fuyante, aimant ses enfants mais mal, très mal. Elle les rejette tant ils sont la corde qui enserre son mental. Egocentrique, elle ne pense qu’à elle, cherche un homme comme le pain du matin. Quête la tendresse en larmes infinies d’un bovarysme qui lui courbe le dos et la dévore de l’intérieur. Frigo vide, et manque de repères, Mungo et Jodie, sa grande sœur, se serrent les coudes. Elle travaille et veille sur Mungo, oisillon tombé du nid.

« Sa tignasse désordonné donnait envie aux femmes de le materner ».

Ils sont soudés, cherchent des yeux cette mère défaillante, cruelle, souvent seuls, de longues semaines, ils coopèrent à la survivance. Le grand frère ultra violent, scellé aux batailles avec les catholiques. Grand caïd et qui  n’hésite pas un seul instant à prendre le rôle d’un père et frappe Mungo. Il l’entraîne dans ses mille coups, briques jetées sur la police du haut des toits, vols, petites et grandes combines. Hamish est sans compromis. Mungo, lui, au prénom mythique , « l’oiseau qui ne volait pas, le poisson qui ne nageait pas. De toutes les légendes, sa préférée était celle de l’oiseau, le petit rouge-gorge que Saint-Mungo avait ressuscité après qu’il eut été tué par des enfants cruels ».

Hamish est détestable, méprisant, chef de gang. Il pressent que Mungo est homosexuel.

Mungo qui rencontre fortuitement James, un catholique, un jeune homme qui s’occupe des pigeons, ceux de son père, mais dont le soin accordé est une repentance sur le monde. Un contre-pouvoir, l’affection perdue, sa mère morte, son père toujours en déplacement. Ils vont être gémellaires, siamois, sérénité, et désirs. Apprendre la cartographie des corps. Comprendre le solfège de l’attirance. Dans une pudeur juvénile encore, où une caresse est une écharpe autour du cou. L’osmose de se sentir en sécurité, diapason et connivence. Ici, on oublie ce qui se passe au dehors. L’intolérance et le rejet, la haine et le vacillement d’un apprentissage à la vie, mis à rude épreuve.

Sa mère-monstre, rigide et jalouse peut-être aussi, va fracasser cette relation pure et initiatique. L’homosexualité est pour elle et Hamish, une honte, un tabou. Ils vont organiser un bizutage, un piège pour Mungo. Une partie de pêche à mille mille de tout, entre forêts et rivières, risques et punitions. L’Écosse profonde sera la proie. Mungo ne le sait pas, pas encore, pas maintenant, pas tout de suite. Deux hommes sont avec lui. Mungo, seize ans, jeté en pâture. Ces hommes sont rustres, un passé de délinquances, case prison, viols et meurtres. Que va-t-il se passer dans cette solitude tarentule ? Dans l’abîme des toiles de tente, deux pour trois. Lorsque les démons réveillent les fantasmes ?

Dans l’orée de ce récit rude et dont les épreuves sont lois ?

« Mungo » une mise en abîme d’un monde écartelé par les différences et l’homophobie. Par les enjeux des appartenances à une religion, guerre dans un même pays.

Une famille brisée, la symbolique des inégalités, le choc des endurances.

Politique, historique, intime, sublime et triste, « Mungo » est un appel à l’amour. La célébration des libertés et du libre-arbitre coûte que coûte. La haine est un fardeau.

Contemporain, réaliste, filmique, ce livre, très beau livre est un cri dans la nuit noire. Engagé et lucide, « Mungo » est la pierre angulaire d’une littérature indélébile. Traduit de l’anglais (Écosse) par Charles Bonnot, publié par les majeures Éditions Globe.

 

 

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