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L'élégancedeslivres
17 avril 2023

La Fractale Baudelaire Lisa Robertson Traduit de l'anglais par Jeannot Clair Éditions Le Quartanier éditeur

La fractale Baudelaire – Le Quartanier

La Fractale Baudelaire

Lisa Robertson

Traduit de l'anglais par Jeannot Clair

Éditions Le Quartanier éditeur

La fractale Baudelaire – Le Quartanier

Mon avis :

La littérature comme une force. Ce qu’elle accomplit de plus grand, de plus ambitieux. Une capacité de création pure comme du cristal.

Un phénomène éditorial !

Lisa Robertson déambule dans « La Fractale Baudelaire » et nous en met plein les yeux.

Hazel Brown est la narratrice. Une jeune femme qui va s’émanciper au fil des pages. Tout commence en 1979 lorsqu’elle cherche la beauté.

« Lire se déplie comme un jeu de nom de « je ». Prodigue, indisciplinée, apte à la mélancolie, j’ai laissé derrière moi des maisons, des villes, des amants, des écoles, des hôtels et des pays ».

Écrire un journal intime, dans une chambre d’hôtel en itinérance, « neutre des nuages sans lieu fixe ». L’écriture est une œuvre d’art, tout comme l’intrinsèque de ce roman atypique. Mais quelle gageure !

À Vancouver en 1995, elle a donné dans cette ville, une conférence sur « l’errance, la couture, le désœuvrement et le doute ».

Le lendemain, elle se réveille avec la certitude comble, d’avoir écrit l’œuvre entière de Baudelaire. Tout de cet écrivain-poète. Les ratures mêmes de la vie de Baudelaire. Les feuilles froissées. Elle reçoit « l’auctorialité » baudelairienne. Maintenant, elle pressent l’urgence d’acter ce qui l’habite. « Se mettre au service de l’illusion ».

Chacun des lieux qui octroie sa venue, les décors des chambres, tout se déplace en elle. Les phrases qu’elle écrit, les expériences artistiques. Fidèle à sa nature de femme, elle s’habille dans l’époque même et se moque des diktats de conformité. Rebelle, vive, et au libre-arbitre qui renforce la liberté d’être ce qu’elle désire et ce qu’elle ressent : les images qui transforment une trame dans l'époque même. Et pourtant, et c’est tant-mieux, « La Fractale Baudelaire » coopère au magnétisme. Elle est en mutation. Digne, et lectrice attentive et assumée et si souveraine dans sa façon d’être et d’agir.

Ce livre si particulier, si risqué car exigeant est une déambulation dans le siècle baudelairien. Hazel Brown décrypte les toiles de Courbet. « Les restes du sublime kantien », elle est la droiture d’un pictural dont elle maîtrise tous les codes, toutes les données, les couleurs et les essences. Elle est en mimétisme. Ployée dans les profondeurs, elle vit et observe le monde qui tourne autour d’elle et prend modèle sur l’ancien. Elle vit à l’instar de Baudelaire, écorchée vive par le spartiate des hôtels, les vêtements comme des déguisements. Elle s’assume en petit caméléon.

« Je retrouvais la ville qui la première avait accueillie le fantastique projet de mon devenir. Qu’en serait-il du cher corps nu sans l’ornement des vêtements, des phrases et des huiles qui nous relie au temps et les unes aux autres ? ».

Ce livre se déguste. Épicurien dans ses épreuves. Superbe dans sa réalisation. Un art en lumière, à l’instar d’une galerie qui semble le pictural Diogène. Sociologique, philosophique, tant il donne les clefs de nos comportements, nos apparences et nos observations sur le monde et ses figures. Ce livre artistique est le cheminement d’une jeune fille surdouée, libre et éveillée. Un pas de côté spéculatif. « Le désir et la mémoire : leur animalité vertigineuse est la condition de tous les prédicats...Je voulais la splendeur dans ce qui était bon marché, dans ce qui faisait jeune fille, mais je voulais aussi la colère ».

Vertigineux, perfectionniste, la littérature dans toute sa magnificence. Traduit avec brio de l’anglais par Jeannot Clair. Publié par les majeures Éditions Le Quartanier éditeur.

 

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