Prix de L'ailleurs 2022 Obsolescence Collectif Éditions Hélice Hélas

  

Prix de l'Ailleurs 2022

Obsolescence

Préface d'Alice Bottarelli

Participation critique : Serge Latouche

Postface: Philippe Curval

Éditions Hélice Hélas

Mon avis :

« Prix de l’Ailleurs 2022 Obsolescence », ce livre est incontournable, apprenant, précieux. L’obsolescence en lumière !

Doté de plusieurs parties, une préface explicite d’Alice Bottarelli qui dévoile l’obsolescence et l’enjeu des nouvelles primées. Sept nouvelles sélectionnées par un jury érudit et attentif et à la force des fragments et des écritures résolument douées. À noter 169 autrices et auteurs ont collaboré à cette aventure littéraire, pour la 15 ème édition du Prix de l’Ailleurs.

Prenez soin aussi de la participation critique en pages finales de Serge Latouche. Une postface éclairante : un entretien avec Philippe Curval et Colin Pahlisch.

L’obsolescence est généralement le sujet principal de la littérature de science-fiction. Elle dévoile « notre présent plus que notre avenir ».

L’obsolescence serait comme mourir à petits feux, subrepticement. Mais l’heure est plus grave encore. Plus qu’une usure matérielle, ce sont les diktats qui s’effondrent comme un château de cartes. La limite à la croissance, mais aussi l’incertitude aux abois, perdre confiance. « La déréliction du lien entre les générations, la déréliction des livres. De nos bibliothèques aimées, que restera-t-il à transmettre ? ».

N’oublions pas, comme le concède Serge Latouche, l’obsolescence programmée est apparue en 1932 aux États-Unis « avec la parution d’un opuscule confidentiel de Bernard London : En finir avec la dépression grâce à l’obsolescence programmée, (ou planifiée, et mieux encore, incorporée ) ».

L’obsolescence programmée technique, usé soit par une utilisation trop prononcée, mais aussi par la création d’un double plus moderne ou maniable. La deuxième obsolescence, celle de la consommation, soit un vêtement passé de mode ou usé par exemple. Quid du téléphone portable, des meubles et tutti quanti. La plus terrible : l’obsolescence programmée. Le summum étant la cartouche d’encre ou l’imprimante à une fin malheureuse à la date butoire cachée et secrète. Ne pas oublier l’obsolescence programmée de l’ampoule dont la durée de vie ne dépasse pas 1000 heures. À savoir celle qui se trouve dans la caserne des pompiers de Livermore en Californie brille depuis 1901 en continue.

La première partie de ce livre mi-essai-documentaire, mi-nouvelles est une conférence à ciel ouvert. La clef serait d’éradiquer l’emprise de la croissance. Procéder à une décroissance. Un changement de cap fondamental.

Dire ensuite l’impact des nouvelles sur l’obsolescence. Surprenantes, tant elles symbolisent différemment ce phénomène. Éclairantes, visionnaires, angoissantes souvent, nous sommes dans le cœur du sujet. Dans la finitude de notre monde. Utopiques ou dystopiques, avant-gardistes, ou lanceuses d’alerte. Plus que des nouvelles brillantes et implacables, elles semblent notre contemporanéité, ce qui pourrait advenir aussi immanquablement.

Ces nouvelles essentielles sonnent le glas. Prendre attention au son des cloches !

Des avertissements à peine voilés dans un jeu fictionnel qui donne à réfléchir. On ne sort pas indemne d’une telle lecture.

Une urgence : que ce livre serve d’outil pour des chantiers à bâtir. Notre monde est lui-même en obsolescence programmée. Un seul responsable : l’homme. Magistral !

Publié par les majeures Éditions Hélice Hélas.