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L'élégancedeslivres
22 avril 2023

La Promesse Marie de Lattre Éditions Robert Laffont

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La Promesse

Marie de Lattre

Éditions Robert Laffont

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Mon avis :

Existentiel, intime, et nécessaire, « La Promesse » est un livre qui touche aux fondements même de notre Histoire. Tant pour le lecteur que pour Marie de Lattre qui œuvre à sa renaissance. Ici, tout est véridique et l’on ressent d’emblée toute la psychologie du poids de l’Histoire et de ses conséquences sur l’humain.

L’incipit est une petite madeleine de Proust. L’écriture est innée, volontaire et de haute qualité.

Le rideau s’ouvre subrepticement et nous allons nous émouvoir et étreindre sa vaste famille. Tant se reconnaîtront dans ce récit familial et qui englobe toute l’humanité.

Écoutez : « J’ai trois prénoms, Marie, Madeleine, Frida ». Un qui dissimule. Un qui protège. Un qui révèle… Je ne suis Marie que parce qu’il y a eu Madeleine et Frida. Frida puis Madeleine. Madeleine avec Frida. Ces deux femmes sont les mères de mon père. La biologique, Frida, et l’adoptive, Madeleine... »

L’héritage comme un cadeau laissé sous le sapin de la vie. Marie de Lattre vient de décider d’écrire pour elle, l’Histoire et son père Jacques. Médecin à l’hôpital, intellectuel, qui lit le Monde chaque jour en attendant que ses enfants sortent de l’école. Le journal étalé sur le volant de la voiture, un rituel. Mais cet homme porte le poids lourd des chagrins sur le dos. À sa mort (venue à la fin du livre), une enveloppe est remise à Marie (l’autrice). Ici, tout est véridique et ça change tout. Elle a été écrite en 1943 : « N’oublie pas l’enfant ». Le fil rouge de cette trame émouvante et exutoire. Son père est énigmatique. Lui, l’enfant juif dont il n’a appris que le sceau du silence. Ne jamais dire à ses enfants (jumeaux) ce qu’il en était de son enfance, des évènements cachés sous le tapis comme de la poussière. Ne jamais s’affranchir du danger. « Il ne donnait pas d’explication à ses réactions. Il fallait décoder. Sa brusquerie était un bon révélateur. Ses colères également, qui surgissaient à l’improviste. Je le sentais alors dévoré d’angoisse ».

Jacques est le fils de Frida et de Kogan, tous les deux sont étrangers et juifs. En Juillet 1941, la police française, sur ordre des allemands, frappe à la porte. Ismak Kogan est arrêté. Madeleine et Pierre sont leurs amis. Mais plus que cela encore, il y a dans ce témoignage de Marie de Lattre, un quarto à la Jules et Jim. Kogan est amoureux de Madeleine, et Frida de Pierre et vice et versa. On observe une tolérance, ce qui advient dans un cercle d’amis liés à la vie et à la mort. Aucun passage en force. L’heure d’aimer est trop belle.

Jacques va être éloigné, caché de par la complicité de Pierre qui n’aura de cette d’aider financièrement Frida et Kogan avant le drame de la séparation et pendant leurs déportations par l’envoi de colis.

Kogan était peintre, tuberculeux, fragile, mélancolique et romantique. Absolument pas productif et pourtant pour son amour pour Madeleine, sa complice et confidente et maîtresse, il aurait déplacé des montagnes. La relation épistolaire, par des mains complices.

Jacques sera adopté par Pierre de Lattre. Il changera de patronyme. Jacques dévoile subrepticement aux 13 ans des jumeaux, sa genèse, ses véritables parents d’origine étrangère. Mais Marie ne comprend pas tout. Elle ne saisit pas l’importance du message de son père. Tant de silences dans cet antre. Comment laissez s’échapper la noria des oiseaux noirs ?

Elle n’aura de cesse de rassembler l’épars. Reformuler par sa bravoure d’une quête sans faille ni relâche, les syllabes salvatrices.

Rédempteur, un hommage à la filiation et à la Promesse. Générationnel, « N’oublie pas l’enfant », est le titre invincible de ce témoignage empreint de résilience. En lice pour le 46 ème Prix Relay des Voyageurs Lecteurs. Publié par les Éditions Robert Laffont.

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