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L'élégancedeslivres
27 avril 2021

Loin de Venise Vivaldi, Rosalba, Casanova Michèle Teysseyre Serge Safran éditeur

Loin de Venise

Loin de Venise

Vivaldi, Rosalba, Casanova

Michèle Teysseyre

Serge Safran éditeur

17,90 €

ISBN : 979-10-90175-48-8

En librairie

Loin de Venise

Merci aux éditions Serge Safran éditeur pour l'envoi de ce majestueux récit à trois voix.

Loin de Venise

Mon avis 

Kaléidoscope fabuleux et apprenant « Loin de Venise » Vivaldi, Rosalba, Casanova est un voyage entre ciel et terre. Michèle Teysseyre est douée, érudite et fervente connaisseuse de Venise. Lire « Loin de Venise » est dépaysant et nourricier. Trois, ils sont trois, le plein de ce livre, sève musicale, artistique et littéraire : Antonio Vivaldi, Rosalba Carrieria, et Giacomo Casanova. Éloignés de Venise, dans le couchant de leurs vies, le crépuscule invite aux confidences altières, aux souvenirs nostalgiques. La vieillesse des êtres lumière, foudroyés par l’approche de la mort. « Loin de Venise » est d’une beauté inouïe sans pathos. Cette Venise symbolique est l’accroche, ce qui résiste et immortalise. Antonio Vivaldi est à Vienne. Dans le déclin, la chute qu’il retient du bout des doigts, la dignité enivrée de musique. Composer l’ultime opéra pour Anna Giró. Les rideaux de la chambre lourds de ce regret des années passées. Ne jamais laisser entrevoir cette souffrance physique et inéluctable.

« Béni soit la veuve Wahler ! En dépit de mon infortune, elle continue de m’apporter mes brouillons. » « Serait-ce là le pouvoir de la musique ? Que dira le pouvoir de la joie sur les âmes. Le chant vaut tellement mieux que les tristes chapelets ! »

La trame est eau vive, arrêt ultime, urgence.

« La veuve Wahler serait-elle musicienne ou bien est-ce ma fièvre qui a repris ? Dieu que Venise est loin ! A des milliers de lieues de cette chambre que le vent ne viendra jamais visiter. » « C’est ailleurs que j’irai négocier mon génie. »

Ce texte bleu nuit est une rencontre intime avec Antonia Vivaldi.

« Venise est un théâtre où jour et nuit se confondent. »

Antonio Vivaldi tend la main à Rosalba Carriera, majestueuse et digne, presque aveugle, pastelliste dévorée de noir et de finitude. Venise déchirée, les toiles fondent dans les lagunes. Résiste la droiture, la splendeur d’une aura, Rosalba Carriera, l’emblème : la Sérénissime d’ombre et de lâcher-prise.

« Puis elle tendra un peu l’aile. Et moi je la suivrai. »

Ce texte est émouvant, tremblant. C’est un hommage crucial pour cette artiste de renom soumise entre le jour et la nuit. La pénombre qui advient irrévocablement. Michèle Teysseyre est le filigrane d’or de cette trame qui excelle dans le charme des survivances.

Giacomo Casanova, en Bohême, refugié, retient du bout des doigts ce qui résiste encore. Voix d’une Venise écartelée entre raison et désespoir. On reste attentif au passage vers l’autre rive.

« Le château est une tombe, que dis-je, un gigantesque mausolée ; un palais prisonnier des glaces au milieu d’un village peuplé de rustres et d’ignorants. Désormais mon exil est total. »

La Bohême et le château des Waldstein, Giacomo Casanova, bibliothécaire du comte Waldstein, entre refuge et méprise. Casanova, manichéen sait l’heure de la finitude.

« Dux est un village. Le bien, le mal, le châtiment, la récompense. C’est là leur seule théologie. »

Néanmoins, il bouscule les apparences, foudroie son déclin. Orgueilleux, en proie aux torpeurs nostalgiques.

« Me voilà seul dans la chambre, entre deux mignonnes, batifolant comme un jeune sot. Après un début prometteur, ma vigueur montre des signes de faiblesse, vacille et pour finir s’éteint. »

Venise est un mirage, un rappel, souvenir latent. Tel un roseau courbé, il sait l’heure ultime. Les rides du temps blessent sa vigueur et sa ténacité. Son corps flanche, se rebelle. L’homme s’éteint. Le maître reste d’équerre. Casanova résiste et se souvient.

« Venise voyez-vous, est bien plus qu’une ville. Comment dire ? Une espèce de songe posé sur l’eau.

Casanova est une flamme persistante dans ces pages appliquées et admiratives.

« Loin de Venise » Vivaldi, Rosalba Casanova est une révérence. Ces trois lumières bercées par la magnifique Venise qui éclate de vie et d’éternité. Michèle Teysseyre délivre un parchemin émouvant et certifié.  Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.

 

 

 

 

 

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