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L'élégancedeslivres
20 mars 2022

Témoin Sophie G Lucas Collection Sentinelle Éditions La Contre Allée

Témoin

Témoin

Sophie G Lucas

Collection Sentinelle

Éditions La Contre Allée

En librairie

Témoin

Mon avis :

Essentiel, lucide, « Témoins » est un devoir de mémoire. Écrire et rassembler l’épars. L’écho du tribunal des cœurs, hommes et femmes encerclés dans l’épreuve du jugement sociétal.

Bien au-delà d’une écoute fidèle, Sophie G. Lucas collecte la parole, la résonance des échoués, lames de fond intestines dans un corps à corps dans cette instance emblématique avec les accusés, les victimes. Retenir les mots sur les maux, perles de pluie, sueur sur un front pâle et ridé. Les repentirs, nuages qui filent vite dans le ciel des regrets. Les mauvaises directions, le pas de côté qui vacille. D’aucuns sont ici pour un face à face avec le poids de la honte, des regrets et des conséquences.

Dans ces jours où Nantes et son Tribunal de Grande Instance de Septembre 2013 à Janvier 2014 se love dans ces pages. Les témoignages, la sociologie d’une société blessée dans sa chair.

Les faits divers, les violences, les meurtrissures, les petits vols et les grandes combines. Tous content et arriment leurs existences au fil d’une enfance parfois cabossée, chaotique, sans références parfois de paternité et de maternité loyale et de tendresse vêtue.

« Tout seul je bois pas. Je veux bien des soins. Ne m’envoyez pas en prison sinon je perds mon appartement. Tout sera à recommencer. Demain c’est noël. Faites-moi une fleur. »

Sophie G.Lucas ne lâche rien, pas un battement de cil, un message subliminal , coup de maillet, elle recueille les mouvements des lèvres, les chuchotements, pressent et coopère au pragmatisme et à l’exactitude. Ici, c’est l’enjeu de la droiture, du jugement implacable, des compassions et des peines venues d’un autre temps, de l’ancienne heure où tout était encore possible.

Sophie G. Lucas tisse sa propre histoire au fronton des dires, des idiosyncrasies et des diktats. Elle retrouve son père, l’alter égo des jugés, l’homme tache d’encre, n’assumant pas d’être père, trahi par ses faiblesses et les appels des sirènes. Ici, s’élève la résilience, le pardon qui se murmure à voix basse. Comprendre pour enfin renaître en fille de roi.

« Mon père manipulait les mots comme des armes. »

« Arrêté à Nantes. Inculpation : détention d’armes de guerre et de munitions. »

« Mon père a commencé sa vie dans un roman d’aventures. »

« Témoin » Présente à la barre des invisibles. L’ubiquité silencieuse et spéculative. Sophie G.Lucas cherche et interpelle les faits, papier calque où son père est la somme des témoignages.

« Il n’y a pas de perdants même magnifiques. »

« Témoin », l’enjeu des rédemptions, crucial, car la vie est ici aussi. Un appel à témoin. Vaste comme les égarements et beau tant le pardon est solennité.

Dans une collection de références La sentinelle, publié par les majeures Éditions La Contre Allée.

 

 

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