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L'élégancedeslivres
31 juillet 2022

Capitaine Vertu Lucie Taïeb Éditions de l'Ogre

 

Les Editions de l'Ogre

Capitaine Vertu 

Lucie Taïeb

Éditions de l'Ogre

Les Editions de l'Ogre

Merci beaucoup aux éditions de l'Ogre et à l'agence littéraire Trames pour l'envoi de ce roman magistral.

Les Editions de l'Ogre

Mon avis :

« Dans sa tête loge une armée ».

« Capitaine Vertu » entre l’ombre et la lumière. Bien avant le récit sombre, émouvant et apprenant, écoutez le chant de la langue. Cette douceur de ton dont on ressent d’emblée le génie et le pouvoir intrinsèque de Lucie Taïeb qui a publié deux essais dont « Fresbkills:Recycler la terre (La Contre-Allée, 2020), plusieurs recueils de poésie et des traductions de l’allemand. Aux éditions de l’Ogre, deux romans : « Safe , (2016) et « Les Échappées » (Prix Wepler, 2019).

Ce livre-somme est un chef-d’œuvre résolument d’épreuves et de cheminements. « Capitaine Vertu » c’est une rencontre d’orfèvre et souveraine.

« Capitaine Vertu » alias Laure Vertu, est unee jeune femme en quête d’elle-même, impassible et secrète, les contradictions à fleur de peau. Capitaine de police côté ville. Effacée, triste, déterminée, d’élégance et d’austérité elle travaille dans la brigade anti-fraude.

« Lorsqu’elle voyait la haine, elle n’essayait pas de la détourner ».Intranquille et poignante, « Vertu rêvait d’embrasement… Car ceux à qui Vertu adressait la parole étaient généralement flics eux-mêmes, ou truands . »

Vertu est manichéenne. Sous ses faux-airs, se cachent les troubles pernicieux, craintifs et implacables. Laure Vertu, mais est-ce bien son nom ? Solitaire et fascinante, fille d’immigré, cour poussiéreuse, faux-semblants, un père en fuite parentale. La vertu aux abois, les spéculatives endurances abolies. Capitaine Vertu, « comme le fruit tombe de l’arbre elle se détachait d’eux… décida qu’elle ne serait pas avocate, mais juge ou policière . »

Son père, manipulé, embrigadé dans les chimères et les petites et grandes combines, bandit côté jour, le déni pour allié, un voyou qui aimait l’enfant mais mal, jusqu’au jour où.

L’étau se resserre. Le récit pénètre dans la voie de l’exutoire. Capitaine Vertu est son propre bouclier. Nage dans un lac glacé, de la pluie fine et insistante sur les regards, les gerçures sur le cœur. L’effacement existentiel, Laure Vertu est de batailles et de craintes, gouffre ou plein sud. Qu’importe le spartiate glacé, le sac bleu trop bien rangé, les prises de risques, elle est son propre maître. Cheveux en bataille, la conscience étincelle et les armures salvatrices. Ce livre-monde, « femme et fille d’immigré » est un parchemin initiatique.

« Aujourd’hui, je paie. La conscience du devoir accompli. Le confort de la capitainerie. Je sais exactement ce qui a eu lieu. J’étais à l’intérieur et vous dehors. »

La vertu fenêtre sur sa vie, gémellaire de la trame belle à pleurer. On ressent le vent sur les pages. Cette capacité hors norme de faire un roman avec le plausible. Laure Vertu, sur le banc des écueils, des gerçures sur la mains, sauvage de beauté, honnête et cristalline. Vertigineuse d’émancipation, la dignité-clairière, le désastre du manque, l’obsession cardinale de sa renaissance en advenir.

Ce livre magistral, de rectitude, somme sociale et féminine, l’immensité du premier pas.

D’une contemporanéité fresque allégorique, ce grand livre tremblant de pluie est un viatique. Un hymne à la liberté, à la quête de soi. Accueillir l’honneur des clés cachées entre les lignes . Revivre ! Un livre qui accroche ses bras autour de votre cou. Publié par les majeures Éditions de l’Ogre.

 

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