Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'élégancedeslivres
8 août 2023

Ceux qui ne meurent jamais Dana Grigorcea Traduit de l'allemand par Élisabeth Landes Éditions Les Argonautes éditeur

Ceux qui ne meurent jamais - Dernier livre de Dana Grigorcea - Précommande & date de sortie | fnac

Ceux qui ne meurent jamais

Dana Grigorcea

Traduit de l'allemand par Élisabeth Landes

Éditions Les Argonautes éditeur

Ceux qui ne meurent jamais - Dernier livre de Dana Grigorcea - Précommande & date de sortie | fnac

Mon avis :

Irradiant, magnétique, un ballet de chauve-souris dans le sombre d’un village. « Ceux qui ne meurent jamais » à peine né et déjà un classique de la littérature européenne, remarquable et remarqué.

Ouvrir la porte grinçante de ce roman gothique d’ombres et de frémissements. Le conte s’élève dans une orée finement politique, étrange et aux multiples degrés.

Comme une satire à voix basse, la trame captivante se rebelle, annonciatrice de résistance.

Le poids lourd de l’Histoire de la Roumanie, sous le joug communiste de Nicolae Ceausescu, jusqu’à sa chute le 25 décembre 1989.

La petite ville B. prend place, « au pied des Carpates, non loin de la Transylvanie". La narratrice est une jeune femme artiste.

« Dans mon enfance, on parlait en Roumanie d’un Dracula bien précis – à savoir le dictateur roumain qui saignait le peuple à blanc : Nicolae Ceausescu ».

Elle revient à B. durant ses études aux Beaux-Arts. Remarque les changements entre les rémanences d’antan et le jour clef où B. devient son lieu de vie. L’attrait d’une région qui fusionne avec son désir de création. L’imaginaire pictural d’une contrée spéculative.

Mais, « la région ici n’était plus tout à fait comme avant, avait dit Margot. Le communisme avait mutilé les gens, il leur avait ôté le sens du beau et du bien ».

Dracula étire son manteau noir. Décroche le tableau du mur, se risque dans ce récit d’une écriture époustouflante de Dana Grigorcea.

« Plus tard au crépuscule, des chauve-souris nous arrivèrent des bâtiments en ruine, si nombreuses qu’elles produisaient une sorte de gargouillis d’eau vive, et c’en fut terminé de notre calme, car elles dessinaient dans l’air d’incessants zigzags et volaient de tous côtés ».

Lors d’une randonnée, sa grande-tante fait une chute tragique et meurt. Le mausolée familial va devenir par la force de ce livre, son poids viscéralement lugubre, ésotérique et symbolique. La crypte renferme également Vlad Tepes, l’ancien prince de Valachie.

Le mythe devient macrocosme, résolument sombre, sanguinaire et intriguant. La Roumanie est devenue une légende à visiter. Les fantasmes ne sont plus. Puisque B. détient la clef.

Cette jeune femme éprise de symboles est en transmutation dans cette atmosphère qui déploiera au fil des années des passions pour Vlad Dracula. Elle devient mimétisme, vampire, la traversée du miroir. Les dénonciations des buveurs de sang. Les prismes totalitaires, les vulnérabilités d’un peuple dont Dracula envahit toutes les pensées.

Ce livre dévorant est d’une telle clairvoyance, d’une intelligence vive que le roman nous happe et nous entraîne dans des contrées imprévisibles et marquantes par leurs signes.

On ne sort pas indemne d’une telle lecture. Résolument engagé, fantastique, d’ombre et de lumière. On aime les paraboles, les tracés de l’Histoire roumaine. Le pouvoir d’une fiction surdouée dont la noirceur devient complice.

« C’est ainsi qu’en 1456 Vlad Dracula fut enfin nommé prince de Valachie ».

« Ceux qui ne meurent jamais » : un adage légendaire et essentiel, unique.

Le pays natal d’un conte allégorique, entre le bien et le mal. Le pouvoir de croire.

Un chef-d’œuvre. Traduit à la perfection de l’allemand par Élisabeth Landes. Publié par les majeures Éditions Les Argonautes.

Publicité
Publicité
Commentaires
L'élégancedeslivres
Publicité
Archives
Publicité