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L'élégancedeslivres
9 novembre 2023

Les derniers maillons Boris Quercia Traduit de l'espagnol (Chili) par Gilles Marie Éditions Asphalte

Les Derniers Maillons - broché - Boris Quercia, Gilles Marie - Achat Livre ou ebook | fnac

Les derniers maillons

Boris Quercia

Traduit de l'espagnol (Chili) par Gilles Marie

Éditions Asphalte

Les Derniers Maillons - broché - Boris Quercia, Gilles Marie - Achat Livre ou ebook | fnac

Mon avis 

Magnétique, serré comme un café fort, « Les derniers maillons » est sombre et captivant Un page turner frénétique et sous ses faux-airs d’un roman d’anticipation, s’élève une fable envoûtante. Une satire finement politique.

La science-fiction en apogée, « Les derniers maillons », est inédit mondialement. Nous devons cette naissance littéraire perfectionniste, aux Éditions Asphalte.

N’oublions pas la trilogie de Boris Quercia « Santiago Quiñones » dont « Tant de chiens » a été adaptée en série télévisée et qui a reçu le Grand Prix de littérature policière, et le fabuleux « Rêves qui nous restent », publiés en 2021.

C’est dire combien Boris Quercia est un auteur confirmé.

« Les derniers maillons » est une caricature futuriste des prismes totalitaires. Victor est une jeune homme, l’emblème de la Société du peuple libre. Le Chili est toile de fond.Un dernier maillon, celui qui détient le Neuron. Mais avant cela, il est missionné par ses pairs, afin d’acheminer la dernière copie du Neuron, la seule issue dans un monde de dictature. Le dernier espoir d’une liberté.

Le récit est crissant comme sur de la glace. La polyphonie aère l’histoire. Nous sommes en pleine écoute d’un évènementiel glaçant, aux multiples signaux. « L’avenir de la Société du peuple libre repose dans ma main ».

Il va vite se rendre compte que Nivia, sa maîtresse est une traite. « Les agents m’attrapent violemment par les bras, sans même me poser de question… Je me recroqueville dans un coin, nu, transi, sanguinolent, avec mon petit cube dans la main que je trouve finalement presque chaud ».

Alicia, sa mère veut le retrouver. Ce passage sonne comme un écho de la dictature chilienne. « Un paria, un fugitif, mais il ne deviendra jamais un disparu, pas tant que je serai en vie. Je ne peux pas faire retourner mon fils dans mon ventre, ais si j’avais pu, je vous jure que je ne l’aurais jamais fait venir dans ce monde désormais sans pitié, où les mères doivent remuer ciel et terre pour essayer de retrouver les dépouilles de leurs enfants ».

La trame est le voile lacéré de l’humanité. D’un côté l’idéologie et la liberté de conscience, les subversifs. De l’autre la notion du mal, et l’oppression, les tortionnaires et les filatures. Un état-monde totalitaire. Victor devient Neutron.

« Le temps a perdu toute valeur. On n’y pense généralement pas, mais la valeur des choses dépend des circonstances qui leur sont associées. Rien n’a de valeur en soi, intrinsèquement. Rien. Ni l’or, ni l’eau. Il suffit de se rappeler les légendes du roi Midas ou de l’arche de Noé, la valeur des choses dépend du besoin que l’on a d’elles et le temps a cessé s’être un paramètre. Je n’en ai plus besoin ».

« Les derniers maillons » « est digne d’un génie évident. La trame est frénétique et ses arrières plans sont des points lumineux. Les questionnements philosophiques, la pesanteur : le totalitarisme, la grâce : la liberté sont dévoilés sans distance. Il y a de la bienveillance, des sentiments, des trahisons, des prises de pouvoir, l’œuvre du mal. Ce roman aux multiples signaux est la prononciation des dictatures. Certes, la fusion fantastique et étrange est comme un masque qui tombe subrepticement.

« Les mots sont comme des outils et les paroles de Victor renferment toujours quelque chose d’utile ». « Pourquoi mes cheveux sont-ils blancs ? Pour aller avec tes yeux aveugles ». « On n’ a pas besoin de grand-chose pour exister, seulement d’un peu d’électricité, que le noyau de ce cube produit et continuera de produire aussi longtemps que durera cette planète… Enfin nous finirons bien par mourir comme tout le reste, nous sommes nés pour cela ».

Magistral, puissant et ce livre est le dernier maillon, celui d’un texte infiniment sensible et percutant. Traduit de l’espagnol (Chili) par Gilles Marie. Les Éditions Asphalte prouvent une nouvelle fois leur haute qualité éditoriale.

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