Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'élégancedeslivres
24 janvier 2024

Une baignoire dans le désert Jadd Hilal Éditions Elyzad

Amazon.fr - Une Baignoire Dans le Desert - Hilal, Jadd - Livres

Une baignoire dans le désert

Jadd Hilal

Éditions Elyzad

Amazon.fr - Une Baignoire Dans le Desert - Hilal, Jadd - Livres

Mon avis :

Absolu, initiatique, un grand texte révélateur, qui nous lie à l’éternité.

Au pouvoir intrinsèque de réussir à surmonter les épreuves de la vie.

L’évocation des jours à hauteur d’enfant, grandissant au fil des pages.

Ce qui reste de gravé dans le temps et dont on retient le salvateur.

Adel est un enfant de la guerre, de toutes emmêlées. Solitaire, dans le silence d’une maison, l’absence des parents, la tragédie d’un imaginaire dont Adel cohabite grâce à ses deux insectes, amis et complices devenus, invisibles pour nos yeux. Ils ne sont que fantasme et mystère, pouvoir de résistance. Adel est replié dans l’immobilité. Rien n’advient à part ses conversations avec ses insectes. Il habite dans une maison agréable où règne une baignoire, celle des riches. On ressent le poids lourd d’un advenir qui va compromettre son élan. Poétique et superbe, l’oralité est une porte ouverte sur le désert. Il parle aux insectes, Darwin et sa sagesse, l’écho d’un enseignement ésotérique, tout en symbole.

« C’était un miracle que mes monologues avec Darwin échappent à la mère et à mon père… Il s’est approché et s’est penché à mon oreille. -On ne change que pour soi, Adel. »

Tradigrade et Darwin déambulent dans l’espace trouble des songes enfantins. Ils ne sont que consolations, soupirs et écoutes. Des voix qui plongent Adel en résistance. Ses parents divorcés, la guerre qui va tout bousculer. Adel est pris au piège. Dans un camp de réfugiés, seul encore. La société des hommes est une muraille.

« Quelqu’un me portait sur le dos. Je me souviens des grains de sable qui crissaient sous mes pieds. Je me souviens des maisons qui n’avaient pas de fenêtres et pas de porte. »

« Une baignoire dans le désert », métaphore d’une transmutation. Apprendre la vie par le malheur. La folie immonde des turbulences. L’énigme du mal dans le grand jour et dans le pâle des souvenirs.

« Je me suis réveillé en sursaut. Le cheikh m’avait jeté un sac de plastique à la tête. Il y avait des haricots à l’intérieur. Équeutez-les. À partir de maintenant, c’est vous qui serez en charge de votre nourriture.-Mais...-Et je ne vous écouterai pas tant que vous jouerez au petit gamin innocent.-Comment avez-vous appris à équeuter les haricots aussi vite ? -Ma mère me….Les mains sur le plastique, je n’ai pas réussi à m’empêcher de pleurer. »

Les insectes sont des sages, des contre-feux. Les paroles ne s’effacent pas, elles comblent sa mémoire. « -Adel, vous m’avez pas à le montrer. Vous n’avez pas à montrer quoi que ce soit. »

L’enfant est pris en tenaille sous le joug du cheikh.

« Comment pouvais-je espérer que le cheikh me libère si je ne le satisfaisais pas ? Mon père. J’aurais voulu sentir sa main me caresser les cheveux. »

Cet immense récit de Jadd Hilal, est l’apprentissage des survivances. Un lâcher-prise psychologique. Adel qui vaincra (peut-être) de ses ennemis intérieurs et véritables. La cicatrice rebelle qui ne se refermera que dans le sublime des pages finales. « Ils se sont vus à travers l’autre. Il faut parfois jouer longtemps avant de pouvoir jouer comme soi-même. » Miles Davis.

« Une baignoire dans le désert » est un récit miraculeux, indispensable, empreint de virtuosité. Bouleversant et stupéfiant de tendresse, significatif, il est universel. Le chemin parcouru dans le noble de ce livre est une ode à l’éveil, au courage d’affronter les contradictions de notre monde en faillite. La beauté est l’innocence et sa force, l’Alcazar. Publié par les majeures Éditions Elyzad.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
L'élégancedeslivres
Publicité
Archives
Publicité