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L'élégancedeslivres
13 février 2024

2 € de l'heure La face cachée de l'intégration à la françaises Nejma Brahim Éditions du Seuil

Livre : 2 euros de l'heure : la face cachée de l'intégration à la  française, le livre de Nejma Brahim - Seuil - 9782021507454

2 € de l'heure

La face cachée de l'intégration à la française

Nejma Brahim

Éditions du Seuil

Livre : 2 euros de l'heure : la face cachée de l'intégration à la  française, le livre de Nejma Brahim - Seuil - 9782021507454

Mon avis :

« 2 € de l’heure - La face cachée de l’intégration à la française »

Une urgence de lecture !

Ce documentaire journalistique lève le voile sur les faillites de l’État pour les centaines de travailleurs « sans papiers ».

Le triomphe de la vérité, ses blessures et injustices pointées du doigt.

Chaque jour nous croisons ces hommes et ces femmes « sans papiers », anonymes ou amis (es).

Ils font partie du socle de notre République, et pourtant !

Neyma Brahim est journaliste au Pôle International de Mediapart.

Elle veut comprendre, écouter la parole des migrants. L’ubuesque administratif, le mépris, le rejet, l’inattention pour ces êtres en péril, abusés par les employeurs qui profitent d’un système flouté par un manque de considération pour ces travailleurs de l’ombre et de sueur.

Cet essai décortique les carcans, veut épuiser les diktats. Prouve par A+B, l’exploitation indigne de ces hommes et femmes. Un radeau de Géricault qui sombre dans notre pays pourtant si orgueilleux et hautain. Notre indifférence et surtout cet esclavage moderne à la vue de tous et de toutes.

« Deux euros de l’heure. C’est en moyenne, ce que peuvent gagner des travailleurs illégaux en France, dans le secteur de la construction, de l’entretien, de la restauration ou du soin à la personne. »

Un labyrinthe semé d’épreuves, au pays des Droits de L’Homme.

« Pour demander un titre de séjour, on nous demande de ramener les fiches de paie. Mais pour avoir des fiches de paie, il faut travailler, et pour travailler, il faut un titre de séjour...Le système tel qu’il est laisse les pleins pouvoirs aux employeurs, qui peuvent exploiter les travailleurs comme bon leur semble. »

Les chapitres sont des témoignages, des faits, les preuves et dénoncent le titanesque administratif. Le racisme latent ou visible, les petites combines pour avancer coûte que coûte, malgré le brouillard opaque d’une société qui pousse du pied, l’autre, cet étrange (er).

« Une des dames dont je m’occupais avant habitait à Saint-Maur-des-Fossés donc je connaissais déjà cette ville. Pour un appartement de deux pièces de trente-deux mètres carrés, elle paie un loyer de 710 euros par mois. Son fils dort dans la chambre et elle dans le salon. Avec ses différents emplois cumulés, Sara atteint difficilement le Smic. »

Cet essai, sans armures, écarte les branches des aspérités, des inégalités, et rassemble l’épars. Les périples de ces sans-papiers, pour obtenir le sésame ou pas.

« À ce jour, il estime aberrant que des personnes étrangères ressentent le besoin d’être accompagnées en préfecture. Cela signifie, à ses yeux, que la charte « Marianne » n’est pas respectée, et que les pousse-papiers doivent « organiser » le travail de la préfecture, en prenant soin de trier le dossier de la demande du requérant en amont du rendez-vous. »

D’aucuns abusent de cette masse salariale presque gratuite. Pas de charges, de fausses fiches de paie. Gagner 2 € de l’heure, pour apaiser la faim et la soif et dormir sur un matelas dans une chambre à 6. Ici, pas de paraboles d’humanisme et de compassion. La réalité concrète d’un abus de pouvoir. Parfois certains patrons se battent contre cette injustice. Que dire du mineur qui pouvait travailler, apprendre un métier et se retrouve le jour de ses dix-huit expulsable ?

Est-ce le reflet de la France ?

Hajer médecin à l’hôpital public, tous et toutes dans le cercle du combat. Que pensent-ils de la France ?

Ces centaines de travailleurs de l’ombre, tenaces et volontaires, et souvent aidés par des avocats humanistes et d’éthiques, comme un bouclier contre la peur de l’expulsion. Le pain moisi jeté aux chiens.

La préfecture dont le pouvoir est un bandeau noir sur les yeux de ces « sans-papiers ».

le mépris et l’hostilité, la barrière de la langue. Le passage dans le souterrain pour obtenir le droit ou pas de vivre tout simplement avec les valeurs républicaines.

Ce livre devrait être lu par tous et toutes. Déposé dans chacune des préfectures, des lieux où les décisions échappent au vivre-ensemble. Que les employeurs lisent ces témoignages ainsi que le monde agricole qui exploitent sans relâche ces esclaves modernes, ces vulnérables frères et sœurs en humanité. Les valeurs républicaines bafouées, la montée de l’Extrême Droite comme un boomerang qui va nous frapper en pleine tête.

Le silence d’un gouvernement fébrile et pragmatique, égoïste et condescendant. Le manque de courage pour faire de Sabine, aide à domicile qui travaille jour et nuit, l’étendard de notre république.

Chacun, chacune, détient un morceau d’étoile à partager.

Cet ouvrage puissamment nécessaire, est sans lyrisme, terriblement humain. Sociologique, politique, il est un livre blanc à bâtir.

Publié par les majeures Éditions du Seuil.

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