Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'élégancedeslivres
11 avril 2024

À l'école de L'UNIVERSEL François-Xavier Freland Éditions Intervalles

À l'école de L'UNIVERSEL

François-Xavier Freland

Préface d'Abdou Diouf

Postfaces de Pamela Caillens & Nicolas Caillens

Éditions Intervalles

L’honneur d’une biographie, celle de Germaine Le Goff (1891-1986), illustre éducatrice en Afrique occidentale française.

Dès la première page, le ressenti d’apprendre encore de cette figure emblématique.

La transmission en apogée. Les Savoirs et la virtuosité d’être à elle seule, un horizon-miroir.

Germaine Le Goff est une bienfaitrice de l’humanité, laïque, républicaine et pétrie de volonté.

La préface d’Abdou Diouf, inaugure cet essentiel essai.

« Sait-on que, en 1923, débarquait à Dakar une Bretonne qui rejoignait son poste d’institutrice au Soudan français ? »

Dans cette période colonialiste : « L’inspecteur général de l’enseignement a précisé : « La France veut des femmes évoluées, des sages-femmes et des infirmières. Mais attention, pas des intellectuelles. »

« À Djenné, Germaine Le Goff s’est située des deux côtés du miroir, du côté colonial et du côté de la société africaine. »

Elle est ici, dans un vaste changement à mille mille de La Bretagne et ses heures de classe sans traductions ni défis.

L’Afrique est un enjeu et pour le pouvoir français et pour elle-même. Elle explique d’emblée aux jeunes filles que son rôle est d’éduquer, pas celui d’enseigner. Elle rassemble l’épars, les disparités. « Soyez fières. Restez africaines. »

Elle brusque les regards, assemble, et transforme ces jeunes filles en femmes de demain.

Dans l’aube d’un vingtième siècle, Djenné est de parures et de soleil. Un dépaysement radical pour Les Le Goff. Eux qui vivaient de rigueur, de froid et de pauvreté.

Djenné est une fresque chaleureuse, aisée, foisonnante et colorée. L’exotisme et l’inévitable transformation pour Germaine Le Goff qui va bâtir, pierre après pierre, les fondements mêmes d’un apprentissage formateur. En prenant en compte l’humanité même de ces jeunes filles venues de toute l’Afrique.

Elle est vertueuse et déterminée. Intuitive, « Peut-on parler de roses et de chênes dans un pays d’hibiscus et de baobabs ? »

« Les manuels scolaires français ne sont pas adaptés à cette réalité là. »

« Apprendre à lire ? Mais lire quoi ? Il n’y a pas un seul livre à Djenné, ni même un journal. »

« Le rôle éducatif est plus urgent que la tâche enseignante. Il faut éveiller en elles leur dignité. »

Geneviève Le Goff déambule dans l’Afrique. De Dakar, à Djenné, Rufisque, Saint-Louis, elle sème des graines. Se fond dans les écoles comme dans ses convictions.

Elle éveille les esprits, renforce les confiances, et sans même le savoir, par sa liberté de conscience, son altruisme, elle devient l’intensité universelle de l’éducation. Elle inculque les valeurs. Lucide, elle prend garde aux a priori d’un monde où le colonisé est forcément soumis et inférieur. Ici, il n’en est rien. Cette belle personne est le macrocosme d’une concorde allouée.

« La France veut faire entrer l’Afrique dans la civilisation. Elle n’y parviendra qu’en élevant la mentalité de la femme, cheville ouvrière de la société indigène. »

Féministe, avant-gardiste, bienveillante, elle est de vocation et d’engagement.

Sœur de cœur d’Alexander Shutherland Neill. Elle écoute, respecte, oriente.

« Cinq générations d’institutrices ont déjà quitter son établissement. »

Jeanne Martin Cissé devient la première femme ministre de l’Afrique toute entière. Jeanne Gervais, en 1965, la première femme députée du Parlement. Elle devient alors ministre de la Condition féminine.

Ce témoignage est le fronton de l’universalité. Germaine Le Goff a forgé l’École UNIVERSELLE. Elle considère l’autre, son double sur la terre. Elle élève la femme, la citoyenne en humanité.

Femmes idéalistes devenues, féministes, engagées, intellectuelles, poétesses, et mères.

Une des ses meilleures élèves : Mariama Bâ.

Germaine Le Goff, fraternelle et majestueuse dans l’évidence des autobiographies de la vie-même était le lien et le liant. Le symbole référent. Elle a forgé l’amour universel, le rassemblement des valeurs humanistes. Siamoise de Leopold Sédar Senghor. Les éloges virtuoses de sourires et de bonté. L’éducation était sa vie et ses bordures. Une destinée spéculative.

Un portrait mémoriel, un viatique pour l’enseignant (e) d’aujourd’hui.

«  Autant sur des proverbes, des contes indigènes que sur les fables de La Fontaine. »

« Développez surtout leur force d’aimer. »

Lire avec attention les postfaces de Pamela Caillens et Nicolas Caillens. Ici, le chant de la famille reconnaissante.

François-Xavier Freland délivre un essai fondamental et précieux, où rayonne un génie : Germaine Le Goff.

Publié par les majeures Éditions Intervalles.

E. L.

Publicité
Publicité
Commentaires
L'élégancedeslivres
Publicité
Archives
Publicité