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L'élégancedeslivres
19 janvier 2021

Abandonnée Anny Romand Serge Safran éditeur

Abandonnée 

Anny Romand

Serge Safran éditeur

Lumineux, poignant, flamme au bord d’une fenêtre, vacillante, persévérante, « Abandonnée » est un récit profond et intime. « Elle frappe à cette porte, la porte sur laquelle elle aurait dû frapper toute sa vie, une porte qu’elle aurait dû ouvrir des milliers de fois pour retrouver des visages familiers. » Anny Romand conte. Est-elle cette enfant abandonnée ? Le tragique perpétue son cheminement. Dans cette période alourdie de préjugés, où Rosy la mère de cette jeune femme devenue est elle aussi une enfant née de père inconnu. « Le temps repasse pour voir s’il peut être utile mais non, tout est calme, il peut s’allonger dans une tranquillité légitimé attendue depuis si longtemps. Légitimité donnée à cette femme sans combattre. Juste parce qu’elle a eu le courage d’affronter l’inconnu. » L’histoire résiste. Les mots sont doux, caresses aériennes, furtives, mais pleines de sens et de raison. Nous sommes dans l’entrelac d’un huis-clos. Le barrage ne cède pas. La veille constante d’une quête existentielle rayonne ici dans cette trame veloutée, mature et persistante. Ce qui est beau ici, c’est la fusion entre ces deux femmes, Rosy et Annie. La mère et la fille, bloc éperdu, ailes vierges d’hommes et de pères encerclés. « Rosy qui a eu pour berceau un des tiroirs de la commode de leur chambre. On n’a jamais pu retrouver le père. Parti sans rien savoir. Voilà comment Rosy est née. » Annie veut savoir qui est son père, son géniteur. Retrouver ses racines originelles et les combler de cette errance d’incertitude. Rassembler l’épars, cette quête existentielle unique et émancipatrice. « Quoi de plus terrible que de ne pas connaître son père ? » Cette jeune femme égarée dans ses abîmes recherche plus que son père mais le point qui rallie les histoires du monde. L’image la plus bouleversante de « Abandonnée » est le bain donné à la petite Rosy. Ne rien dire de plus. Retenez juste cette gestuelle, ce qui adviendra des inconscients. « Abandonnée » est un berceau universel. Chacun, chacune en ce monde détient ce double cornélien dans le cœur. « Le temps bourdonne dans les oreilles. Le silence essaie de se faire entendre. Le silence avant l’effroi. » Annie va-t-elle trouver la clef qui brisera l’armure de ce manque du père ? Va-t-elle le revoir ? « On sait que les épouses n’osent rien faire avec les secrets de leur mari. » Ce récit de vie de femmes meurtries, mères, enfants, pères et anonymes est le notre devenu. Anny-Annie Versaire et la grâce (peut-être) (chut) au point final. Magistral. Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.

Abandonnée photo

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