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L'élégancedeslivres
30 janvier 2022

La femme d'après Arnaud Friedmann Éditions La Manufacture de livres

La femme d'après

Le femme d'après

Arnaud Friedmann

La  Manufacture de livres 

En librairie

La femme d'après

Merci beaucoup aux éditions la Manufacture de livres & l'agence littéraire Trames pour l'envoi de ce magistral roman contemporain.

La femme d'après

Mon avis :

« Il y a l’air tiède du milieu de la nuit, quelques moteurs en écho, le bourdonnement des télévisions à l’intérieur des immeubles, puis soudain des voix. »

L’incipit donne le ton. « La femme d’après » est contemporain, vif, serré comme un café fort, superbement maîtrisé.

Une femme, la narratrice, fil rouge de ce récit psychologique, féminin, le « je » comme un aimant.

C’est la nuit. L’urbanité d’une ville endormie, presque. Elle vient de retrouver dans le nid d’un hôtel son amour de jeunesse. Pas de côté, se prouver que tout peut se renouer malgré les années irrévocables. D’un âge certain, entre les rives de la jeunesse et ses charmes, la bascule vers l’âge avancée, elle est ici.

Elle traverse un parc, entend des voix qui se rapprochent immanquablement. L’angoisse crescendo, elle se heurte de plein fouet au danger. Quatre jeunes hommes s’arrêtent devant elle. La peur armure, la nuit complice de ses faiblesses, elle va affronter le meneur qui la traite de connasse plutôt que de salope. Elle montre au cador de ces garçons, les photos de ses filles. Trop vieille pour être violée ou trop déroutante pour ce meneur à qui elle propose aussi une cigarette ?

Le choc est titanesque. Agressée dans le sombre de sa féminité, elle rentre seule à l’hôtel, le droit de passage de ces derniers est pour elle l’ultime affront et dans un même tempo un soulagement.

« S’ils m’ont suivie, ils peuvent me voir pleurer. De ça, je me vengerai. Plus tard. »

Arnaud Friedmann est dans cette capacité d’un mimétisme hors pair. L’écriture est une chevelure, les traits doux et la trame à l’identique d’un corps ployé par les angoisses existentielles propres à la féminité.

Elle va sombrer dans les méandres des conséquences de cette agression qu’elle mettra sous la chape des silences douteux.

Pourquoi a-t-elle échappée à cette agression ?

Le récit enfle, se gorge d’un crime commis sur une jeune fille la même nuit. Elle connaît l’assassin et son haleine mentholée.

« La femme d’après » est sombre, sociologique, démonte un à un tels des diktats, les fantasmes d’une femme angoissée et fragile en proie à la folie.

« C’est parce que tu as pas eu peur. Ça s’est vu, que t’avais pas peur. Je respecte ça. »

Ce roman d’une infinie douleur, intranquille, poignant est l’ombre tenace d’un thriller. Le portrait d’une femme, emblème des errances, des souffrances, des écueils liés à la perte de l’estime de soi, canevas d’un roman perfectionniste tiré au cordeau. Un séisme mental jusqu’au point final. Inoubliable. Publié par les majeures éditions La Manufacture de livres.

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