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L'élégancedeslivres
2 octobre 2023

Les ondes Isabelle Dangy Publié par les Éditions Le Passage

Les Ondes - broché - Isabelle Dangy - Achat Livre ou ebook | fnac

Les ondes

isabelle Dangy

Éditions Le Passage

Les Ondes - broché - Isabelle Dangy - Achat Livre ou ebook | fnac

Mon avis :

Crépusculaire, splendide, « Les ondes » est un roman dont on aime d’emblée l’atmosphère. L’annonce d’une déambulation souveraine.

Ce serait l’histoire de deux enfants qui vont grandir dans une même famille. Sidonie Leleu et Nestor Witold avaient cinq ans lorsque le père de Nestor s’est marié avec la mère de Sidonie.

Accord et gamme, la première note de musique. Les Ondes Martenot élèvent les miscellanées.

La trame est plausible. Elle semble le reflet de beaucoup d’êtres. La quête de soi, des traces de la vie. Ce qui façonne un homme ou une femme.

Sidonie et Nestor sont complices et fusionnels. C’est un kaléidoscope qui éclaire les fragments existentiels. Sidonie et Nestor vont s’aimer. Un peu, beaucoup, passionnément.

Isabelle Dangy est douée et déplace les pions judicieusement. Honore cette fusion entre ces deux jeunes gens. Ici, pas d’inceste. Et pourtant, cette relation restera jusqu’au point final floutée par une enfance entre les parents (nommés ainsi) et frère et sœur pour eux. Ils se cacheront, puis non. Oserons le grand écart et le grand jour dans une passion qui restera toxique, manichéenne et possessive.

Sidonie part, fuit, s’échappe, s’émancipe. Elle va devenir enseignante à Hersanghem.

Solitaire, isolée et fragile, elle note l’évènementiel, tient un cahier de comptes. Elle met ainsi à plat sa vulnérabilité. À l’instar d’une vie nouvelle dont elle ne maîtrise pas encore les codes. Une responsabilité de femme seule et indépendante ou presque. Elle est au cœur de la ville même où son père est le point fixe. Car c’était sa ville. Lui, disparu et absent, invisible. L’ombre de sa généalogie est ici, dans les ombres des ruelles. Une ville qui laisse les rémanences s’élever entre le présent, le passé et les ondes labyrinthiques qui sont des métaphores souveraines.

Sidonie est une jeune femme contemporaine, vive et mélancolique. Elle va combler le manque de Nestor en cumulant les rencontres éphémères avec les hommes des hasards. Puisez dans son passé, la pièce manquante pour atteindre son émancipation.

Elle va rassembler l’épars, rencontrer sa grand-mère dont elle ignorait le regard, les rides et la force des vérités qui seront des épiphanies gagnantes.

Madeleine et l’instrument de musique prêt à avouer. Conter ce qui fut. Ce livre est de dentelles et de paroles.

« Madeleine : Je te donne en avance sur héritage, si tu veux, les Ondes Martenot que tu as vues au salon. C’est tout ce qui reste de Gilberte . »

C’est un roman comme du linge frais claquant au vent, signifiant et irradiant. La beauté des confidences comme des cascades chantantes car allouées aux repentances, aux Ondes mythiques. L’arbre de vie comme une larme de soie. Il faut chercher sa voie et ce récit démontre combien la lutte pour renaître est une question de filiation et d’appartenance.

Mais ici, c’est la voix douce d’une autrice qui peint des personnages avec les couleurs de la vie. C’est un parchemin tremblant de secrets, de silences, de non-dits, et la dernière marche est une connivence avec le lecteur (trice).

Maîtrisé à l’extrême, la polyphonie comme une armoire qui s’ouvre sur l’antan. Ce livre est le sacre de ce qui restera à jamais : la vérité au grand jour.

Après « L’atelier du désordre », finaliste du Prix Goncourt du premier roman et des « Nus d’Hersanghem », prix Anna de Noailles de l’Académie française, « Les ondes » est un chant généalogique, initiatique. Magistral et si près de nous. Publié également par les majeures Éditions Le Passage.

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