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L'élégancedeslivres
7 février 2024

Inachevée, vivante Pierrine Poget Éditions La Baconnière

Inachevée, vivante

Inachevée, vivante

Pierrine Poget

Éditions La Baconnière

Inachevée, vivante

Mon avis :

« Nous n’aurons que des années, plusieurs fois quatre saisons. »

 

« Inachevée, vivante » , un havre où chaque degré est une aube nouvelle. Étreindre l’écriture, et laissez venir les mots qui écartent les branches cassées.

L’heure spéculative, irradiante, où la narratrice, inachevée, vivante, défie les vents contraires.

Cherche le point fixe et bouscule, l’infinie douleur. L’emprise dans son paroxysme et un viol, où son non, n’était que silence.

« Où l’on ne me brûle plus le ventre avec une cigarette. » « Je crois aujourd’hui que le féminin est l’autre nom d’une intimité avec le vivant. » « Cependant, les jours resplendissent d’une vie sans traduction. »

La hantise des fissures, les miscellanées à l’instar de ce qui maintient près du recommencement, autrement.

Attentive à sa descendance intime. Les vérités cachées qui vont éclore dans une éblouissante virtuosité.

« Changer de forme, de nom, traverser les saisons et accomplir mon cycle. »

Elle revient à Briance, territoire de femme. La rencontre salvatrice avec le vivant. L’immobilité d’un instant de connivence. L’osmose avec la sève initiatique.

Étreindre l’enfant. Relire les gestuelles. La maternité comme les pieds dans une rivière glacée. Les rémanences et les doutes, et le petit cœur qui bat contre le sien. 

« Calme et pleine de lait, l’enfant porte sans bruit sa couronne. » « Parfois, j’écoute sa plainte, ce grelot, ses pleurs enroulés, ouvre la porte, frôle les cheveux. Je donnerais ma vie. » « Je ne suis par prête pour la grande suite, le retour au temps ordinaire. »

la langue approuve, émancipe l’attendu. La révélation au jour présent en prenant soin de laisser cet autrement advenir. La part de liberté absolue, l’hédonisme envers soi-même, enfin. Comme un pardon sans distance et apprivoisé.

Tableau de la vie, la déambulation qui fige son regard. Les traits d’une peinture signifiante.

Ici, tout est réminiscence, ferveur et destinée.

« Je me suis absentée au plus profond de mon corps. »

Ce récit est un edelweiss à flanc de rocher. L’intimité d’une trame-cime. On retient son souffle sous la beauté qui carillonne. Le temps est l'émancipation.

« J’aime le génie de leurs constructions. J’entends sur la mer leurs cloches cristallines.

- Sonnailles. Dit la plus petite. »

Ses filles comme des cerceaux de lumière sur le bout de ses doigts. La caresse lande et vague, le sommet de l’amour indestructible, sans zébrure, ni sommeil.

« Quand elles reviennent, je ne sais pas reprendre ma place que j’ai peur d’avoir perdue, comment refaire l’ourlet sur ces heures invisibles ? »

« Inachevée, vivante » un sentiment de grandeur.

Fascinant, ardent, un livre salutaire.

Pierrine Poget est digne d’un génie évident. Elle a publié des recueils de poésie dont « Fondations » qui a reçu le prix de poésie  C.F. Ramuz. N’oublions pas le fabuleux « Warda s’en va. Carnets du Caire », inestimable et lumineux.

« Inachevée, vivante » est la consécration.

Publié par les majeures Éditions La Baconnière.

 

 

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