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L'élégancedeslivres
14 janvier 2022

Pas la guerre Sandrine Roudeix Éditions Le Passage

Pas la guerre - Sandrine Roudeix - Babelio

Pas la guerre

Sandrine Roudeix

Éditions Le Passage

En librairie

Pas la guerre - Sandrine Roudeix - Babelio

Merci beaucoup aux éditions Le Passage pour l'envoi de ce roman magistral.

Mon avis :

« Pas la guerre » un huis-clos existentiel, l’intime tragique, passionné.

Réaliste, intranquille « Pas la guerre » : «Pourquoi lui a-t-elle dit ça ? » et soudain le silence.

Assia, 24 ans, une jeune femme repliée au creux des draps battus à froid. Une phrase de trop, l’imprévisible et l’urgence du dire.

Franck, 25 ans, « dans le miroir au dessus du lavabo, il se trouve l’air d’un mort. » La dispute est abyssale, glacier et morsure, cri dans la nuit noire.

Récit à deux voix, la tranchée boueuse laisse resurgir les mécanismes implacables et intransigeants.

Assia, professeur côté ville, née en France, d’origine marocaine.

Franck, le second fils d’un père militaire, rude et pragmatique. Le moins aimé, le toujours moins en tout. Comment ces deux êtres peuvent -ils se bercer dans le cocon qui se fissure ?

« Pourquoi lui a-t-dit ça ? ».

L’écriture est feu, superbe, accueillante, féministe et politique. L’amour, ici est enrobé des diktats qui peuvent vaciller et vite. Deux êtres amoureux, fresque sexuelle, poignante, enivrée de désirs, sensuelle, lave de volcan, transfuge sur les identités. Elle acclame sa liberté de vivre, un petit coin pour poser juste sa brosse à dent dans l’espace spartiate. Creuser sa place et se sentir lovée dans les sentiments qui coulent comme l’eau sur les rochers en plein hiver des connaissances ultimes.

« Il lui faut gagner du temps, grains de sable précieux entre ses doigts brisés. Ou en perdre, elle ne sait plus très bien.

-Je refuse de devenir ce que tu m’accuses d’être. »

Déflagration ! Les mots sur les maux, le silence en option, prêt à prendre le relais.

Franck, bête traquée, égaré dans les vagues qui frappent, écoute immanquablement Assia. Revendiquer la vie, la sérénité, le droit d’être elle-même, française, l’amour libéré des carcans qui l’oppressent. Les non-dits emmurés à jamais. L’authenticité des fiançailles révélées, marcher la tête haute. Ne plus être transparente, l’invisible. Seul le diapason et la résistance aux dualités seront des caresses loyales.

« On n’incendie pas la cabane à chaque désaccord. On n’est pas des pyromanes. »

La trame n’est plus. Sandrine Roudeix délivre un roman lucide et contemporain, vivant, un hymne aux alphabets qui octroie la raison. Aux hommes et aux femmes égarés dans les méandres des contradictions. L’acceptation n’est pas la soumission. L’attention à l’autre est la dentelle de la tolérance et n’est jamais une future désillusion. Cette fresque nocturne, binôme sensible est une polyphonie bouleversante.

La maturité du style, « bouffés de trouilles et bardés de boucliers, mais amoureux » est un macrocosme qui laisse sans voix. Il y a tant à retenir dans ce récit claquant, éclairant et perfectionniste.

« Pas la guerre » et tout change dans le décor qui cède pour un lendemain initiatique.

Ce roman construit d’une main de maître est stupéfiant. L’émancipation est une aurore boréale. Un grand livre ! Publié par les majeures éditions Le Passage.

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