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L'élégancedeslivres
2 décembre 2022

Bec et Ongles Jean-Paul Didierlaurent Éditions Au Diable Vauvert

Bec et ongles

Bec et Ongles

Jean-Paul Didierlaurent

Éditions Au Diable Vauvert

Aurélie Serfaty Bercoff

En librairie

Bec et ongles

Mon avis :

Ce kaléidoscope de nouvelles est précieux. Il honore la mémoire de Jean-Paul Didierlaurent. Résurgence, sa voix en filigrane.

L’émotion vive de comprendre un livre posthume, des textes lauréats, des inédits, des merveilles rémanence. Rassembler l’épars est ici, un bel hommage. Ce livre est un carillon de cloches dans les montagnes vosgiennes.

Rappelez-vous les « Le Liseur du 6h27 », « La Fissure », « Le Reste de leur vie », et « Malamute ».

« Bec et Ongles », 15 nouvelles pétries d’humanité. Parfois acides, caustiques, à double-tranchant, on ressent le regard de Jean-Paul Didierlaurent sur chaque mot. Inoubliable et magnanime, il nous offre un tour de manège émouvant.

De plusieurs degrés, paraboliques, des drames teintés parfois d’humour et d’interpellations, toutes assignent nos pans de vie, angoisses ou passions.

« Marche après marche, le visage prosterné vers le sol, soumis et heureux, je lis. »

«Marée noire », métaphore de la littérature, « je me sens l’étoffe d’un Moïse devant les eaux de la mer. »

Dans cette orée, troublantes, percutantes, sensibles, lucides et dévoreuses, le double cornélien des existences en apogée. Ici, résonne l’attention à l’autre, les douleurs échouées face aux ressacs, l’admirable surveillance d’un auteur sensible à autrui.

« Bec et Ongles » un titre, et une nouvelle. Tsunami, les névroses à fleur de peau. Les angoisses murailles, l’ubuesque des situations imprévisibles mais insistantes. La peur éveille les causes. Cette nouvelle satirique, malicieuse, manichéenne est une métaphore délicieuse et superbe. Tel un magicien des mots, Jean-Paul Didierlaurent change les couleurs et du noir le blanc resurgit. D’un drame arrive un sourire. Ce fragment est une éclaircie. Un remède à la morosité et l’intuition gagnante que tout peut aller mieux, toujours…

« Il est des mots qui parfois résonnent comme des petites victoires. »

Que dire de « Pénélope »écrite en 2021, dans cet hier si proche encore comme une trame annonciatrice. L’écho d’une voix inoubliable. Pénélope, tricoteuse symbolique. Corde à nœud, la laine, telle une fidèle qui modèle le visage de l’aimé disparu en mer. La résilience n’est pas prête à la bataille. Elle tricote pour lui, Laurent, « le cliquetis des aiguilles qui s’entrechoquent, comme à chaque fois depuis huit ans. » Le pull-over dans l’infini des larmes, comme un soupir sur ses douleurs. Ce texte est une perle dans la nuit noire. La magnificence de la constance. Quand bien même le deuil ne franchit pas le seul de l’après-lui. Digne pleureuse des silences et des solitudes, phare dans le sombre d’une mer avaleuse de Laurent. Tricoteuse aimante, ne pas lâcher prise face à la mort.

Lisez cet écrin de nouvelles spéculatives et dont chacune vous parlera. Vous verrez le regain des grandes importances.

Tels des bonbons acidulés fondant en bouche, des petites madeleines de Proust.Une malle ouverte subrepticement riche de feuilles manuscrites rien que pour nous.

Précieux, raffiné, d’une haute intelligence et d’un magnétisme impressionnant. Publié par les majeures éditions Au Diable Vauvert.

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