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L'élégancedeslivres
4 novembre 2023

La forêt, désormais, de l'intérieur Irina Teodorescu Éditions La Grange Batelière

La forêt, désormais, de l'intérieur - Irina Teodorescu - La Grange Bateliere - Grand format - Librairie des femmes PARIS

La forêt,

désormais,

de l'intérieur

Irina Teodorescu

Éditions La Grange Batelière

La forêt, désormais, de l'intérieur - Irina Teodorescu - La Grange Bateliere - Grand format - Librairie des femmes PARIS

Mon avis :

« J’ai atterri ici, dans ce qu’ils appellent une « agroturistica », une nuit de pleine lune, début octobre, les chênes étaient dorés, les pins toujours verts, c’était époustouflant de beauté ».

La canopée lève ses miscellanées. « la forêt, désormais, de l’intérieur », rémanence et le chant d’une littérature qui excelle.

On marche sur les feuilles craquantes, « le partout, 57043,27 hectares de forêt, des bois et des réserves naturelles, aussi sauvages les unes que les autres ».

L’œuvre qui se crée. On ne lit plus. La trame est vivante et nous prend par la main.

C’est un récit vrai, intime, onirique et puissamment engagé, étincelant. Un tissage fascinant au jour le jour à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie.

Une forêt ancestrale, vierge et non apeurée. Qui acclame les visites parce qu’étranges et en mimétisme certain.

Se fondre dans cette forêt, une maisonnette cachée sous les mousses. Les fenêtres qui reflètent les mystères et les vertus, les douleurs et les insistances.

Irina Teodorescu est ici. Elle a laissé ses grands enfants en France. Elle pressent dans cet espace, l’idiosyncrasie du monde. Les endurances et le poids lourd d’un bois mort qui pourrait la faire flancher encore.

Elle est de déambulation,de collecte et d’écriture. Elle s’ouvre à l’adversité, aux hôtes des bois. Elle fait des rencontres aussi sauvages et repliées qu’elle-même. Elle dévoile subrepticement un quotidien rude et accepté. Une connivence dans un hiver glacé et hostile. La chaleur humaine est vaste et spontanée. Irina Teodorescu est spéculative. Son écriture feuillage et âpre. Elle ne cède rien. Diogène et digne telle une essentialiste également. Elle sait combien la frontière est trouée et cède le passage aux dos courbés et aux mains meurtries de froid. Elle pressent les barbelés sur les fronts lourds et les diktats des migrations. Elle somme les migrants, la solidarité et la débrouillardise, malgré les tanks et les militaires. Agir comme un rai de lumière. Naturelle et complice de ceux qui sont tels des invisibles pour l’humanité. Elle note et consigne tout. Ses rêves qui changent de forme dans ces clairières hédonistes. L’autorisation aux fantasmes. Ici, est le liant. Elle sait combien cette forêt emblématique est une fourmilière où gravite l’humanité. Où s’élève l’ésotérisme. « Conclusion : Si on s’endort contrariés, la forêt rêve à travers nous. Et non seulement à travers, mais aussi pour. » « Et tu ferais quoi, si tu étais très riche ? J’achèterais cette forêt, côté Biélorussie y compris. Et tu ferais quoi avec cette forêt ? Rien, justement, je lui foutrais la paix ».

Irina pense comme la forêt. Elle est dans une posture libre et initiatique. Elle fuit sa mère. Dévoreuse de tendresse, dents acérées. La maternité scie l’arbre souverain. Les échanges téléphoniques avec elle, sont rares comme un rappel à la normalité. Elle réfute l’ordre et interpelle sa liberté de femme, d’amante absolue. Irina Teodorescu préserve ici, son intimité, ses silences. Elle fuit les friches du monde d’en haut. Écrire les sacrifices, les prises de risque, les arbres comme des explosions sur son propre corps. Elle est liane, végétale. Son îlot intérieur comme un sous-bois où se réfugient les migrants. Elle est le vacarme politique. Les sidérations qui témoignent. Le mémorial des possibilités. Les déambulations comme des hallucinations. Elle marche jusqu’au paroxysme des magies, des drogues et de l’amour. La forêt résistante, théologale et berceau. Devenir feuillage. La forêt-monde, nomade en son cœur. Avide de symboles et de raison : la sienne. Ce livre-journal est essentiel et brûlant. Inépuisable forêt, l’antre inestimable où tout peut advenir. Mésange et louve, écrivaine et combattante qui déjoue la fresque humaine si chaotique. Un journal-mousse, comble de paraboles. La renaissance comme un rêve qui se révèle. D’ombre et de lumière, vibrant et métaphysique. Le miroir d’une femme, sylvestre devenue. Publié par les majeures Éditions La Grange Batelière.

 

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Commentaires
O
Merci de parler de livre, c'est rare d'en entendre parler sur le web
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O
Merci de parler de livre, c'est rare d'en entendre parler sur le web
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O
Merci de parler de livre, c'est rare d'en entendre parler sur le web
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