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L'élégancedeslivres
4 février 2021

Le Stradivarius de Goebells Yoann Iacono Éditions Slatkine & Cie

Le Stradivarius de Goebbels

Le Stradivarius de Goebells

Yoann Iacono

Éditions Slatkine & Cie

Merci aux Éditions Slatkine & Cie pour l'envoi de ce récit hors pair et indispensable.

 

« N’attendez pas le jugement dernier. Il a lieu tous les jours. » Albert Camus, La Chute, 1956. « Voici mes carnets personnels, je vous laisse seul juge de ce vous penserez bon d’en faire. »Poignant, un devoir de mémoire en apogée, « Le Stradivarius de Goebbels » est un récit historique empreint d’émotions. Le 3 août 2002 est la majuscule de ce récit. Yoann Iacono (le narrateur) reçoit par la poste les carnets de Nejiko Suwa 82 ans. Mondialement connue, violoniste de renom, elle transmet en cet instant plus que ses écrits mais le poids lourd sur ses épaules dont pas une année elle n’aura de cesse de penser à chaque mot déposé subrepticement sur ces derniers. Tout commence en 1943-1944, le 22 février 1943 exactement. « Le soir, à Berlin, le ministre de l’Éducation du Peuple et de la Propagande du Reich Joseph Goebbels offre un violon Stradivarius à Nejiko Swa, jeune virtuose japonaise. » Goebbels rajoute : « L’instrument est entre de bonnes mains. » Il faut replacer les faits dans le contexte : Le Japon durant la deuxième guerre mondiale était l’alliée de l’Allemagne. Herbert Gérik est musicologue, ancien chef de la section musique du Parti nazi, il est le directeur de « Sonderstab Musik » et d’un commando qui confisque tous les biens des juifs et les rapatrie en Allemagne. « En deux ans, dans la France occupée, il a pillé trente-quatre mille cinq cents maisons et appartements juifs, confisqué des milliers de meubles, de tableaux, un seul stradivarius. » Celui de Nejiko. Cette jeune femme de 23 ans est émue, fière de détenir ce violon, ce pacte entre l’Allemagne et le Japon. Malgré son jeune âge, on a du mal à croire qu’elle soit aussi candide. Le Reich, machiavélique et Néjiko qui joue face à ces monstres barbares, en plein déni. Cette jeune élève est battante mais fragile, le Reich a mis à sa disposition « un vaste appartement doré » et plus encore. Sa tante Anna Budnova lui donne force et courage. Elle qui a reçu une éducation musicale. Néjiko doute, tremble, perçoit son violon comme un sacrilège. Ne l’apprivoise pas. Elle rencontre Kamensky, un luthier et ce dernier lui explique qu’enfin elle réalise qu’il y a un mur entre son violon et elle. Et, qu’elle seule doit trouver le chemin. Néjiko écoute les conseils des autres musiciens. « Méfie-toi de Gérik. On dit qu’il est chargé de confisquer tous les instruments de musique des juifs avant leur disparition. » Néjiko se heurte à ses propres silences. Elle se ferme mais persévère à jouer du stradivarius face aux salles combles. Jamais, elle ne souffrira de la guerre ni regardera la vérité en face. Elle est mutique, stoïque et son pragmatisme est son arme. Sa maîtrise : une carapace. Sa froideur et son opportunisme l’aideront. Son masque ne se fissurera jamais. Elle pose pourtant cette question à Gérik : « Mon violon, c’est celui d’un juif ? » « Quelle imagination débordante vous avez ! Vous devriez écrire des romans, ma chère ! » Néjiko traverse la guerre, concert après concert. « Si elle a vécu cette vie, c’est bien que son destin était tracé. » Ce récit est capital. Yoann Iacono rend hommage à ce juif universel, cet homme dont le stradivarius était de chair et d’os. Ce livre est un cri en pleine nuit. Il soulève le rideau noir des affres nauséabondes. Le manichéen d’une artiste soumise aux diktats de la folie d’une Allemagne antisémite. Transmettre ses carnets, c’est acter la rédemption. Demander grâce à l’humanité. « Le Stradivarius de Goebbels » est bouleversant, puissant, magnétique et indispensable. « Si la réalité dépasse la fiction, c’est que la fiction doit rester crédible, pas la réalité. » Mark Twain, En suivant l’Équateur, 1897. » Publié par les majeures Éditions Slatkine & Cie.

 

 

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